Retour à la case départ pour les Belges après l'échec vendredi des négociations menées entre Flamands et francophones pour la formation d'un nouveau gouvernement. Trois mois après les élections législatives, la Belgique semble plus que jamais dans une impasse.
Les consultations reprennent
Le chef du parti socialiste francophone, Elio Di Rupo, pressenti pour devenir Premier ministre, a jeté l'éponge vendredi après le rejet par le principal parti de Flandre, le mouvement indépendantiste N-VA, d'une ultime proposition de compromis. "C'est avec tristesse que j'ai dû constater que deux partis flamands n'ont pas pu accepter la dernière proposition que j'ai mise sur la table aujourd'hui", a déclaré Elio Di Rupo.
Le roi des Belges Albert II, chez qui Elio Di Rupo s'est rendu, a décidé de temporiser en refusant d'accepter immédiatement sa démission et en reprenant dès le début de la soirée ses consultations avec des responsables politiques.
Trois mois de négociations
Trois mois après les élections législatives qui avaient vu la victoire en Flandre (nord) des partis autonomistes, voire indépendantistes, et alors que le royaume fait face depuis 2007 à une crise de confiance entre ses deux grandes communautés linguistiques, une issue politique semble impossible.
Les partis néerlandophones réclament depuis des années une plus large autonomie, notamment financière, pour la Flandre (nord), que les partis francophones ont longtemps refusé d'envisager, craignant un appauvrissement de la Wallonie (sud) et de Bruxelles.
Des avancées
Sous la houlette de M. Di Rupo, les francophones avaient cependant accepté ces dernières semaines des transferts de compétences de l'Etat vers les régions dans de nombreux domaines, en échange notamment de subventions supplémentaires pour Bruxelles, une ville très majoritairement francophone confrontée à de graves difficultés financières.
Les francophones avaient également accepté de renoncer à des droits linguistiques spécifiques dans la périphérie flamande de la capitale, sauf dans six communes où ils sont majoritaires.
Enfin, les partis francophones avaient donné leur accord de principe à une "responsabilisation" financière des régions, qui seraient à l'avenir comptables de la manière dont elles gèrent leur budget.
Révolution ou chaos politique
Interrogé sur une éventuelle partition du pays, qu'a une fois encore réclamée vendredi le le parti d'extrême droite Vlaams Belang, président de la N-VA, Bart De Wever a déclaré qu'il ne "fallait pas craindre une révolution".
"La tournure nous oblige à envisager toutes les situations. Je ne souhaite pas la fin de la Belgique, c'est la raison pour laquelle il faut poursuivre le dialogue", a déclaré vendredi soir Elio Di Rupo, qui avait dit lundi craindre un "chaos politique" en cas d'échec de sa mission.