Nouvelle étape en Côte d'Ivoire. Pour la première fois depuis le début de la crise, Laurent Gbagbo est sous la menace d'une opération militaire destinée à renverser son régime. Les pays d'Afrique de l'Ouest ont en effet menacé vendredi de déloger par la force le président sortant, qui se maintient à la présidence de la Côte d'Ivoire malgré les appels incessants de la communauté internationale à céder le pouvoir à Alassane Ouattara.
"Toutes les mesures nécessaires, y compris l'usage de la force"
Au terme d'un sommet de ses chefs d'Etat à Abuja au Nigeria, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a exigé une nouvelle fois son retrait, et annoncé l'envoi prochain d'émissaires dans le pays. "En cas de rejet de cette demande non négociable, la Communauté n'aura d'autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l'usage de la force légitime, pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien", a très clairement prévenu l'organisation.
Devant "le niveau excessivement élevé de pertes en vies humaines" depuis début décembre, la Cédéao a "averti les responsables de ces actes qu'ils feront l'objet de poursuites devant les tribunaux internationaux pour ces violations des droit humains, dans les délais les plus rapides". Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avait adopté jeudi une résolution dénonçant les "atrocités" commises après le scrutin qui ont fait, selon l'ONU, 173 morts du 16 au 21 décembre.
Ouattara demande à l'armée de le rejoindre
Depuis le grand hôtel d'Abidjan où il est retranché avec son gouvernement, Alassane Ouattara avait dans l'après-midi, devant quelques journalistes, appelé l'armée fidèle à son rival à lui obéir et à protéger la population. "De graves violations des droits de l'Homme sont constatées partout", a-t-il alerté lors d'un discours de Noël, sa première intervention publique depuis début décembre. "En tant que chef suprême des armées, je demande aux Forces de défense et de sécurité d'assurer leur mission républicaine de protection des populations contre les miliciens et mercenaires étrangers qui font couler le sang des Ivoiriens", a lancé Alassane Ouattara.
Le président reconnu par la communauté internationale a promis que la justice serait saisie "pour faire la lumière sur ces actes odieux" et qu'une "commission d'enquête nationale" serait constituée, tout en réaffirmant son souhait de la venue d'une mission de la Cour pénale internationale (CPI) "dans les tous prochains jours".
Pas de gouvernement d'union nationale
Le Nigeria, qui préside actuellement la Cédéao et est très en pointe dans le traitement de la nouvelle crise ivoirienne, avait exclu avant le sommet d'Abuja tout "compromis". "Quelque chose qui ressemble à un gouvernement d'union nationale comme ce qui existe au Kenya ou au Zimbabwe ne sera pas sur la table" des négociations, avait averti le ministre nigérian des Affaires étrangères, Odein Ajumogobia.
Laurent Gbagbo peut encore prétendre à une "sortie tout à fait honorable", "mais plus le temps passe et plus il y a de dérapages et de violences et plus cette perspective s'éloigne", a insisté la chef de la diplomatie Michèle Alliot-Marie. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réitéré l'appel au sortant à renoncer "immédiatement" au pouvoir.