Le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, une hérésie ? C’est ce que laisse entendre un groupe russe du nom de Rabfak. Le clip de sa dernière chanson, intitulé "L’asile de fous vote Poutine", fait un véritable tabac sur Internet. Il a été visionné à plus de 650.000 reprises depuis sa mise en ligne mi-octobre. Et son succès pourrait le conduire directement à l’Eurovision.
"Notre maison - la Russie" vs "notre maison de fous"
"Notre asile de fous vote Poutine. Notre maison de fous va lui souhaiter la bienvenue". Le refrain est évocateur. Avec ce titre, son auteur Alexandre Samionov s’en prend ouvertement aux électeurs potentiels de l’actuel Premier ministre russe, qui a annoncé fin septembre sa candidature à la présidentielle de 2012. Connu pour ses œuvres contestataires, le chanteur les compare à des patients d’un hôpital psychiatrique.
En utilisant à plusieurs reprises le terme "notre maison de fous", Alexandre Samionov ne se prive pas également de dénigrer le parti présidentiel, anciennement appelé "Notre maison - la Russie". Un jeu de mot qu’il pousse jusque dans la mise en scène du clip, qui rappelle celle généralement utilisée par les clips de campagne.
Retour au temps de Staline
De véritables images de répression policière sont mêlées dans la vidéo à des moments de la vie quotidienne russe et à des scènes loufoques. On peut y voir des policiers en train de faire des gestes obscènes ou encore de faux patients d’un établissement psychiatrique. Le tout tourné en dérision.
Mais certains passages du clip font aussi référence au temps de Staline, avec notamment la mise en scène de médecins qui font des injections dans les fesses de patients. Une pratique répandue à l’époque : les dissidents au pouvoir étaient envoyés dans des asiles. Ils pouvaient être déclarés fous et assommés de médicaments pour ne pas nuire.
Et ce clip semble faire écho chez les internautes. Ils sont 5.200 à avoir apposé leur signature sur une pétition. Objectif : encourager les organisateurs de l’Eurovision à choisir Rabfak pour participer au concours. Une requête lancée par l’agence de presse Ura, basée à Ekaterinbourg, la ville d’origine des membres du groupe.
Reste qu’à en croire Ura, "L’asile de fous vote Poutine" a toutes ses chances. La chanson est "écrite en russe" et sans but aucun de créer des "conflits ethniques", avance l’agence d’information. Et ce, alors que les chansons à messages politiques sont interdites à l'Eurovision.