"Les passeurs sont toujours des assassins". Lundi, 500 migrants ont disparu en Méditerranée. Leur bateau a apparemment été volontairement coulé par leurs passeurs. De quoi attirer l’attention médiatique sur un drame pourtant quotidien. Car Daniel Rondeau, ambassadeur de France à Malte entre 2008 et 2011, en a fait l’amère expérience sur ce rocher accroché aux flots de la Méditerranée : qu’ils provoquent volontairement le naufrage ou non, "les passeurs sont toujours des assassins", a-t-il expliqué au micro d’Europe 1.
>> LIRE AUSSI : Des passeurs accusés d'avoir provoqué le naufrage de 500 migrants
60 personnes entassées sur des zodiacs. En effet, "quand on entasse 50 ou 60 personnes sur des zodiacs, des bateaux de fortune, avec seulement un GPS et un portable, on se comporte de façon irresponsable et criminelle". Au-delà du drame survenu lundi, c’est donc un système "mafieux" que Daniel Rondeau dénonce.
Les boat-people, sa première image de Malte. Un système intimement lié à son expérience diplomatique à La Valette, puisque son premier souvenir maltais, le jour de sa prise de fonction, reste gravé dans sa mémoire : "Le jour-même où j’avais pris mes fonctions je repère un hélicoptère en vol stationnaire près de la côte. Comme je suis curieux je demande ce qu’il se passe. On me dit alors qu’il y a eu un naufrage de migrants, et qu’on était en train d’hélitreuiller les corps des noyés. C’est mon premier contact avec l’île de Malte", se remémore-t-il.
>> LIRE AUSSI : Boom de 500% du nombre de migrants méditerranéens en Italie
"Un tiers de ceux qui partent n’arrivent jamais à destination." Daniel Rondeau rappelle qu’ "un tiers de ceux qui partaient de Libye n’arrivent jamais à destination. Ceux qui arrivent, eux, sont brûlés par le soleil. La traversée peut durer plusieurs jours, voire deux semaines. Les coups de vents et les violentes tempêtes de la Méditerranée suffisent à renverser ces bateaux souvent frêles, ces barques de pêcheurs mal retapées."
>> LIRE AUSSI : 45 cadavres retrouvés sur un bateau de migrants
"Cette mer ne doit pas rester un cimetière". L’écrivain ne cache pas non plus la part de responsabilité de la France dans ce drame. Comme l’intervention américaine en Irak a provoqué le chaos en Irak, "l’armée française a poussé à la tribalisation actuelle de le Libye", dénonce-t-il. Au-delà du seul cas libyen, Daniel Rondeau rappelle que la Méditerranée est aussi une mer française. "Cette mer qui est aussi notre mer ne doit pas rester un cimetière, il est impossible que cette situation continue", conclut-il.