Alors que le pouvoir a repris dimanche le contrôle dela ville de Jisr al-Choughour, les témoignages des réfugiés - ils sont près de 5.000 - à la frontière turque sont terribles. Ils évoquent des bombardements d'hélicoptères, des opérations de ratissages rue par rue et la découverte d'un charnier.
Une partie de l'armée protège la population
En reprenant la ville de Jisr al-Choughour, les militaires ont découvert "une fosse commune" contenant les dépouilles des membres des agents tués lors de l'attaque du QG de la Sécurité, le 6 juin, a annoncé la télévision. Selon Damas, 120 policiers ont été tués ce jour-là par des "groupes armés", dont 82 au QG. Mais des opposants et des témoins ont contesté la version officielle et ont affirmé que les policiers ont péri lors d'une mutinerie. Mais les restrictions imposées aux médias étrangers par les autorités empêchent toute vérification indépendante.
Parallèlement, des divisions auraient fait jour à l’intérieur de l'armée. "Il y a maintenant une séparation au sein de l'armée et un groupe essaie de protéger les gens : il a fait sauter deux ponts", a raconté l'un d'eux, Ali, affirmant tenir ces informations de personnes qui ont fui la ville dimanche et sont arrivées à la frontière "il y a une heure à peine". Une affirmation qui semble corroborée par la télévision d'Etat selon qui les troupes "ont désamorcé les explosifs et les charges de dynamite posés par ces groupes armés sur les ponts et dans les rues".
Le régime est en train d'armer une minorité
Croisé sur le même chemin qu'Ali, Mohamed, 24 ans, a affirmé de son côté que "le régime est en train d'armer toutes les familles alaouites". La communauté alaouite, issue d'une ramification de l'islam chiite, est minoritaire en Syrie (10 % de la population) mais constitue un pilier du régime dirigé par Bachar al-Assad, qui en fait lui-même partie.
La répression a poussé plus de 5.000 personnes à trouver refuge en Turquie, distante d'une quarantaine de kilomètres à peine. Ankara a promis d'accueillir tous les réfugies syriens. Une fois arrivés près du village de Güvecci, ils sont installés dans des camps érigés par le Croissant-Rouge.
1.300 morts
Face à une contestation sans précédent depuis près de trois mois, le régime de Bachar al-Assad continue de mater les manifestations avec force. Vendredi encore, les forces de l'ordre appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils dans tout le pays.
Depuis le 15 mars, plus de 1.300 opposants sont morts et 10.000 autres ont été arrêtés, selon des ONG. La Maison-Blanche a haussé le ton samedi en dénonçant une "crise humanitaire" provoquée par Damas dans le nord de la Syrie.