Les réactions n'ont pas tardé après l'annonce de la libération d'Aung San Suu Kyi, opposante birmane et prix Nobel de la paix. Mais la bonne nouvelle n'est pas tenue pour acquise et de nombreux dirigeants ne cachent pas leur vigilance à l'égard de la junte birmane.
"Cela aurait dû être fait depuis longtemps"
La première réaction à la libération de d'Aung San Suu Kyi est venue de Londres. Et le Premier ministre britannique David Cameron n'a pas mâché ses mots contre de la junte. "Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Aung San Suu Kyi est une inspiration pour nous tous, qui croyons à la liberté d'expression, à la démocratie et aux droits de l'homme" a t-il déclaré avant de poursuivre : "Aung San Suu Kyi a droit à sa liberté. Le régime birman doit dorénavant la respecter".
Même méfiance du côté de la France qui a immédiatement mis en garde Rangoon contre "toute entrave à la liberté de mouvement et d'expression" d'Aung San Suu Kyi, estimant que cela "constituerait un nouveau déni inacceptable de ses droits", selon un communiqué de l'Elysée.
L'actrice et chanteuse franco-britannique Jane Birkin, grand soutien de l'opposante birmane, espère que cette libération va lui rendre "une liberté totale qui la laissera libre d'agir pour son pays". "Ma joie est plus que grande. Je n'arrive pas y croire malgré les images à la télévision. C'est magnifique", a confié la porte-parole du comité de soutien français à Aung San Suu Kyi.
"Mon héroïne"
Le président américain Barack Obama, tout en se félicitant de la libération de la dissidente birmane qu'il a appelée "mon héroïne", en a profité pour réclamer la libération de tous les détenus politiques du pays. "Les Etats-Unis espèrent voir un jour tous les Birmans libérés de la peur et la persécution", a déclaré le président américain.
Même ton de la part du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a qualifié d'"exemple" pour le monde l'opposante birmane, tout en appelant la junte au pouvoir à libérer l'ensemble des prisonniers politiques. Le comité Nobel de la paix a invité la lauréate du prix qui n'avait pas pu se rendre à Oslo en 1991 pour le recevoir. Le président du comité, Thorbjoern Jagland, souhaite qu'Aung San Suu Kyi prononce la traditionnelle conférence des lauréats, qu'elle n'avait pas pu donner, dès que possible.
Les associations de défense des droits de l'homme se montrent très critiques. Pour Amnesty International, "la libération d'Aung San Suu Kyi est certes la bienvenue mais elle ne fait que marquer la fin d'une condamnation injuste qui avait été prononcée illégalement, et ne représente en aucun cas une concession de la part des autorités".
"Une affaire de relations publiques"
"La libération d'Aung San Suu Kyi n'est qu'une affaire de relations publiques et n'a rien à voir avec les réformes démocratiques", a souligné Burma Campaign UK, tandis que Human Rights Watch dénonçait un "stratagème profondément cynique du gouvernement militaire pour détourner l'attention de la communauté internationale des élections illégitimes".