"Faites-vous un abruti". C’est la Une tapageuse qu’a choisie le journal anglais The Sun, mercredi matin, après une quatrième nuit d’émeutes dans les villes britanniques. Majuscules, caractères gras… le tout entouré d’une série de photos d’émeutiers nettement reconnaissables. "Si vous connaissez un de ces visages ou l’identité d’un des 2.000 émeutiers ou pilleurs, contactez Crimestoppers au 0800 555 111". Crimestoppers est une association qui, selon son site internet, "aide à trouver les criminels" grâce à des appels anonymes.
Même type de discours pour le Daily Mail, qui, en plus des douze photos de délinquants diffusées par la police, publie une trentaine d’autres images dénichées par ses soins. "Alors que des scènes de violence gratuite et de pillage ont choqué le monde, le public sera au moins réconforté par le fait que de nombreux émeutiers n’ont pas réussi à dissimuler leur identité et seront bientôt signalés à la police".
Des "bêtes sauvages"
L’édito s’en prend quant à lui fermement aux jeunes émeutiers, qualifiés de "bêtes sauvages" : "J’emploie cette formule en toute connaissance de cause, parce qu’elle semble appropriée à de jeunes gens dépourvus de la discipline qui pourraient les rendre employables, de la distinction entre le bien et le mal. Ils ne répondent qu’à l’instinct animal – manger et boire, avoir des relations sexuelles, s’emparer du bien des autres ou le détruire".
Le Daily Mail explique cela par le "laxisme" des hommes politiques britanniques ces dernières années. "Jusqu’à ce que ceux qui dirigent la Grande-Bretagne incitent à la morale et punissent la sauvagerie, ce qui manque entièrement aujourd’hui, il y aura toujours de jeunes émeutiers et pilleurs tels que ceux des quatre précédentes nuits".
Des doutes sur le gouvernement
Du côté du quotidien The Independant, on s’en prend plutôt au gouvernement, jugeant que "la réponse de Cameron fait planer le doute sur ses compétences". Selon le journal, le Premier ministre britannique a annulé bien trop tard ses vacances, en décidant de rentrer mardi de Toscane, plus de 48h après le début des troubles. "Il a décidé de doubler la présence policière. Un geste qui aurait été bienvenu 12 heures plus tôt à Clapham, Woolwich et East Dulwich, où les pilleurs n’ont connu aucun obstacle pendant la majeure partie de la nuit".
Le Guardian s’inquiète quant à lui pour les Jeux Olympiques, prévus dans un an à Londres. L’annulation d’un match de football à cause des émeutes l’interroge : "Quel va-t-il se passer si ce genre d’événement éclate à nouveau dans les quartiers de Londres à la veille des Jeux Olympiques ?" avant de préciser que de nombreuses infrastructures de JO sont placées à proximité de zones sensibles. "Les Jeux auront lieu pendant les vacances scolaires, et il devrait faire relativement chaud : deux éléments des émeutes de ces derniers jours".