C'est une enquête explosive qu'a publiée le Guardian, mardi. Selon le quotidien britannique, le Vatican aurait acquis un vaste patrimoine immobilier grâce, en partie, à de l'argent venu du régime fasciste de Mussolini. Explications.
Un service en vaut un autre. Pourquoi Benito Mussolini aurait-il donné de l'argent au Vatican via les Accords du Latran, en 1929 ? Pour obtenir la reconnaissance papale de son Italie fasciste. De son côté, Il Duce, en plus d'un chèque, a reconnu la souveraineté du Saint-Siège.
De l'argent bien placé depuis. Combien Benito Mussolini aurait-il versé au Vatican, dirigé à l'époque par Pie XI ? Le Guardian ne le précise pas. En revanche, le quotidien a calculé à combien se chiffre aujourd'hui la fortune amassée grâce aux placements effectués avec l'argent "fasciste" : autour d'un demi-milliard de livres sterling, soit 600 millions d'euros. Les sommes données auraient rapidement été investies par le Vatican, montre l'enquête britannique. Dès 1931, Bernardino Nogara, le conseiller financier du pape aurait ainsi décidé de créer une compagnie offshore au Luxembourg pour masquer les opérations à venir sur tout le continent.
Des immeubles à Paris, Londres, Genève. Qui savait que le pape aime la bijouterie Bulgari, dont il possède les murs de la boutique située sur New Bond Street à Londres ? Et ce n'est pas le seul immeuble que le Vatican possède dans la capitale britannique. Le siège de la banque d'investissement Altium, situé à l'angle de la place Saint-James et Pall Mall appartient également au Saint-Siège. En 2006, le Vatican a ainsi sorti près de 18 millions d'euros pour acheter l'immeuble du 30, Saint James's Square. Et il possède également des immeubles d'appartements à Paris et en Suisse.
Que répond le Vatican ? Rien. Interrogé par le Guardian, l'archevêque Antonio Mennini, représentant du Vatican à Londres, a refusé de commenter ces allégations. Mais elles ne devraient pas rester longtemps sans réponse tant les accusations du quotidien sont lourdes.
"On ne gère pas avec des prières". Gianluigi Nuzzi, journaliste italien spécialiste des finances du Saint-Siège, n'est quant à lui pas surpris pas ces affirmations. "En réalité, il y a une activité très forte du Vatican dans le monde de la finance et des banques", explique-t-il à Europe 1. De l'argent au Vatican ? La réponse est toujours la même : on "ne gère pas l'administration de l'Eglise avec des prières". Dans son livre Money and the rise of the modern papacy, l'historien John Pollard l'assure : avant le don présumé de Mussolini, "la papauté n'était pas financièrement sûre. Désormais, elle ne sera plus jamais pauvre".