Les volcans, un danger, mais pas une priorité. Il est un des symboles du Japon. Un magnifique cône inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais avant d'être une image d'Epinal, le mont Fuji, comme les 46 autres volcans endormis de l'archipel nippon, constitue une menace pour la population. Et le problème, c'est que dans ce pays qui vit dans la peur des séismes (Kobe en 1995) et des tsunamis (Fukushima en 2011), les volcans ne sont pas une priorité nationale.
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80% des villes concernées pas préparées à une éruption. Selon une étude gouvernementale publiée en juin, 80% des localités concernées par les conséquences possibles d'une éventuelle éruption volcanique à proximité n'ont pas de plan concret d'évacuation. Actuellement, parmi les 47 volcans sous surveillance (sur les 110 actifs du pays), quatre sont au niveau 3 (risque d'éruption, danger dans un rayon assez large à proximité), cinq au niveau 2 (danger près du cratère) et les autres au niveau 1 ou sans aucun risque.
Un indice de mesure peu fiable. Mais cet indice de mesure est assez controversé au Japon, et ce depuis l'éruption du volcan du mont Ontake. En effet, juste avant la catastrophe, il était encore classé en "1", c'est-à-dire le niveau de risque le plus faible. "Ce qu'il s'est passé samedi a dépassé nos moyens actuels d'anticipation", a expliqué le président de la commission de prédiction de l'activité volcanique,le bien nommé Toshitsugu Fuji.
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L'agence de météo chargée de publier un rapport hebdomadaire sur l'activité volcanique du pays s'est elle aussi trompée, comme en témoigne le bulletin publié le 25 septembre : "le volcan Ontake a connu de nombreux séismes les 10 et 11 septembre, mais ils ont diminué depuis et il y en a peu désormais". Mais, poursuivait l'agence, "il faut continuer à être vigilant" car ce volcan a subi de petites éruptions en 2007 et une de grande ampleur en 1979.
Les séismes, déclencheurs d'éruptions. "Un très fort séisme comme celui du 11 mars 2011 -celui qui entraîna la catastrophe de Fukushima- peut entraîner un risque d'éruption des volcans de la région en raison d'une accumulation de magma", expliquait mi-2012 le professeur Fuji. Le chercheur rappelle le cas d'un violent tremblement de terre de magnitude 8,6 le 28 octobre 1707 au sud de l'archipel: "49 jours plus tard, le 12 décembre, une éruption explosive comme on en a rarement connue dans l'histoire s'est produite... au mont Fuji'. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le "Fuji-san", plus haut sommet du Japon qui culmine à 3.776 mètres, classé au patrimoine culturel mondial de l'Unesco, n'est pas éteint, il est juste endormi.
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Le mont Fuji lui aussi classé au niveau 1. "Dans la deuxième partie du XXe siècle, chaque fois qu'est survenu un séisme de magnitude 9 quelque part, les volcans alentour sont entrés en éruption dans les années suivantes", prévient M.Fuji qui est aussi président de la commission de prédiction des éruptions. Le mont Fuji est actuellement situé au niveau 1 de l'échelle de risque, tout comme l'était le mont Ontake jusqu'au jour où il s'est brutalement mis en colère.
Des conséquences beaucoup plus lourdes. La préfecture de Shizuoka a établi un plan d'évacuation que tout un chacun peut se procurer sur internet et met à la disposition des habitants un site interactif qui simule la propagation de lave dans les différents cas. "Nous ne voyons pas pour le moment de signes particuliers d'activité, mais dans le cas d'une éruption majeure, les dégâts et conséquences seraient bien plus importants que pour les autres volcans, s'étendant sur plusieurs provinces jusqu'à Tokyo et les préfectures alentour", prévient la région dans son projet d'évacuation de 60 pages datant de février dernier.