L''officialisation" de la division du Mali provoque des remous dans la communauté internationale. La rébellion touareg a proclamé vendredi l'indépendance du territoire qu'elle occupe au nord du pays, l'Azawad. Le pays, fragilisé par le coup d'Etat du 22 mars, est désormais divisé entre un Sud contrôlé par des militaires putschistes et un Nord dominé par les rebelles touaregs.
Dans un communiqué, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) précise que la décision prend effet immédiatement et appelle "la communauté internationale dans son ensemble à reconnaître immédiatement, dans un esprit de justice et de paix, l'indépendance de l'Etat de l'Azawad".
Déclaration "nulle et non avenue"
Paris a d'ores et déjà rejeté cette déclaration qu'elle considère comme "nulle et non avenue". La France, ancienne puissance coloniale, "défend l'unité et l'intégrité territoriale du Mali", a martelé Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le Quai d'Orsay appelle en outre la rébellion touareg à "inscrire son action dans le cadre d'un dialogue politique respectueux de l'ordre constitutionnel malien et de l'unité du pays".
L'Union africaine a de son côté jugé que la proclamation était "nulle et sans aucune valeur" et l'Algérie, voisine, s'est dite "très, très inquiète", affirmant qu'elle "n'acceptera pas que l'intégrité territoriale du Mali soit remise en question".
Une région "au bord du désastre humanitaire"
Après le coup d'Etat militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, les trois régions de l'Azawad, qui occupent une surface équivalente à celle de la France et de la Belgique, sont tombés en trois jours aux mains du MNLA et d'autres groupes, dont certains sont islamistes.
Dans les prochains jours, une réunion est prévue à Nouakchott avec les pays du Cemoc, le Comité d'état-major opérationnel conjoint, qui regroupe l'Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie.
Il y a urgence, car la région de l'Azawad est "au bord du désastre humanitaire", s'est alarmé Amnesty International, craignant les effets combinés de la sécheresse, des violences et des atteintes aux droits de l'homme. Le front d'opposition à la junte militaire responsable du coup d'Etat a d'ailleurs appelé vendredi l'ONU à intervenir, afin d'éviter une "catastrophe".