Son frère était le numéro deux d’Hitler. Mais Albert Göring, le frère cadet d’Hermann Göring, détestait le régime nazi et aurait sauvé des juifs. En Israël, le mémorial de la Shoah Yad Vashem mène l’enquête pour savoir si cet homme d’affaires et ingénieur mérite le titre de "Juste parmi les nations".
"Ce salopard de Hitler". Albert Göring, né en 1865, s’est opposé à son frère dès les années 20 et a quitté l’Allemagne pour l’Autriche au moment de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. "J’ai un frère en Allemagne qui s’est acoquiné avec ce salopard de Hitler et, s’il continue comme ça, cela finira mal pour lui", disait-il à l’époque, selon son biographe, William Hastings Burke, note Le Figaro.
Ce qu'il a fait pour sauver des juifs. En 1938, après l’Anschluss, Albert Göring rencontre à Vienne une femme juive avec une pancarte autour du cou : "je suis une sale juive". Il arrache la pancarte et permet à cette femme de s’échapper, sous le nez des nazis, raconte Le Temps. Voyant son nom, les SS le relâchent. Son coup d’éclat le plus notable a lieu en Tchécoslovaquie, où il dirige une usine Skoda. Avec huit camions, il débarque au camp de concentration de Theresienstadt pour réquisitionner des juifs. Officiellement, il s’agit de faire tourner sa société. En réalité, Albert Göring est là pour les libérer et, pour cela, il n’hésite pas à imiter la signature de son puissant frère.
Il meurt seul, alcoolique. Arrêté par les Américains en 1945, Albert Göring n’est libéré que deux ans plus tard. Avec son patronyme, il a en effet du mal à convaincre de la réalité de ses actes de résistance. Mais sur la liste des 34 personnes qu’il assure avoir sauvées figure la tante de l’un des enquêteurs américains, qui vérifie l’information, indique Le Point. Les Américains le confient alors aux autorités tchécoslovaques, qui ne le libèrent qu’après avoir entendu des témoignages d’anciens employés de Skoda. Revenu à Munich, Albert Göring refuse de changer de nom et vit dans la misère et l’alcoolisme, sans reconnaissance, jusqu’à sa mort, en 1966.
Hermann Göring, lui, s'est suicidé en 1946 :
"Il faut des preuves". Le mémorial de la Shoah Yad Vashem enquête depuis plusieurs années pour savoir si Albert Göring a réellement sauvé des juifs au péril de sa vie et mérite donc le titre de "Juste parmi les nations". "Si Göring est reconnu, ce ne sera pas une reconnaissance de la famille Göring mais une reconnaissance d’Albert Göring", prévient sur Europe 1 Irina Steinfeld, qui travaille sur le dossier. "Pour le moment, nous n’en sommes pas là : il faut en effet avoir des témoignages, des preuves", nuance-t-elle.