La "fin de la Belgique" est-elle pour demain ? Le roi des Belges, Albert II, a désigné samedi deux médiateurs, un francophone et un flamand, pour tenter de surmonter la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis trois mois. Mais il "faut se préparer à la fin de la Belgique", a lancé dimanche la ministre socialiste de la Santé et des Affaires sociales, Laurette Onkelinx. Une déclaration publique inédite de la part d’un responsable gouvernemental qui a fait l’effet d’une bombe. La presse belge francophone la décortique lundi.
"Un épouvantail" et des "tracteurs"
Pour la RTBF, il ne s’agit d’"un épouvantail [qui] ne fait pas peur aux tracteurs". L’épouvantail, c’est la menace de disparition de la Belgique. Les tracteurs, le parti indépendantiste flamand N-VA, qui a remporté les élections législatives de juin dernier. D’où cette première question : "pourquoi le PS brandit-il le pire, alors qu'il y a une voie intermédiaire ?"
Une solution serait le "Living apart together", propose Johanne Montay, pour la RTBF : "C'est ce que font les vieux couples qui se respectent mais ont envie d'air : vivre sous le même toit mais dans des appartements contigus. On se retrouve à la cuisine, au salon, et on prend ses distances sous la couette. Ça ne perturbe pas la famille, les voisins, les amis. Ça maintient du lien et si chacun l'accepte, tout le monde est heureux". En clair, flamands et francophones pourraient continuer à cohabiter, tout en s’adjugeant des prérogatives propres à chaque communauté.
Pour l’éditorialiste Yves Desmet, du magazine Le Vif/L'Express, la Belgique ne fait que revenir à ses vieux démons, en reprenant le rythme de la célèbre procession dansante d'Echternach, une ville du Luxembourg, à la Pentecôte : trois pas en avant, deux pas en arrière. D’où ce sentiment de "psychodrame" alors qu’au fond "la population, au Nord et au Sud, ne demande pas mieux que les rivalités communautaires finissent par se dissiper", assure-t-il.
Ce que veut la population
Tous les regards sont donc tournés vers les responsables politiques, à commencer par Bart De Wever, le leader du parti indépendantiste flamand N-VA. Victorieux en juin, il a jeté l’éponge en juillet, sans parvenir à un accord, à un "compromis digeste". "Bart de Wever a-t-il peur de l’eau ?", s’interroge donc Béatrice Delvaux, dans Le Soir. Avant de poser la question de la "dangerosité" de ce leader indépendantiste "qui a pour but la disparition, même ‘chirurgicale’, de la Belgique".
Comme un lot de consolation, le site du magazine Le Vif/L'Express préfère lundi commenter une étude réalisée par des chercheurs en psychologie sociale sur les "perceptions et les émotions" des Francophones et des Néerlandophones. Principal enseignement : les "deux communautés éprouvent encore du respect l’une pour l’autre".