Les Etats-Unis ont averti jeudi le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo qu'il pourrait faire l'objet de sanctions s'il continue à faire "le mauvais choix" en s'accrochant à la présidence de la Côte d'Ivoire. Dans une lettre adressée à Laurent Gbagbo, le président américain Barack Obama "dit clairement que s'il fait le mauvais choix (...) nous envisagerons d'éventuelles sanctions contre lui et d'autres, si besoin est", a précisé le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley.
L'ONU reconnait la victoire de Ouatarra
Un peu plus tôt, le Conseil de sécurité de l'ONU a reconnu la victoire d'Alassane Ouattara au second tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. Les Etats membres "condamnent dans les termes les plus vifs toute tentative de détournement de la volonté du peuple ou de porter atteinte à l'intégrité du processus électoral", indique l'organisation. Un autre avertissement clair au président sortant Laurent Gbagbo.
La Russie bloquait depuis vendredi l'adoption d'un texte conjoint des quinze pays du Conseil de sécurité en dépit du soutien affiché à Alassane Ouattara comme président élu par de nombreuses organisations. L'Union africaine, l'Organisation régionale ouest-africaine (Cedeao), les Etats-Unis, l'Union européenne et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon avaient déjà choisi leur candidat.
Une pression internationale grandissante
Après les appels à respecter le verdict des urnes et l'intervention de l'Union africaine, le ton monte à l'encontre de Laurent Gbagbo.L'Union africaine a suspendu la Côte d'Ivoire de l'organisation. Young-jin Choi, représentant spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire, a rappelé mercredi qu'il est "absolument certain" que le peuple ivoirien avait désigné Alassane Ouattara "avec une marge irréfutable".
Les quinze pays du Conseil de sécurité de l'ONU ont même brandi la menace de sanctions contre quiconque menacerait le processus de paix en Côte d'Ivoire. Le Conseil "est prêt à imposer des mesures ciblées contre les personnes qui essayent de menacer le processus de paix ou de faire obstruction au travail" de la mission de l'ONU dans le pays, souligne la déclaration.
La France temporise les sanctions
La France, qui a oeuvré, selon des diplomates, pour cette reconnaissance de la victoire d'Alassane Ouattara, a remercié jeudi la Russie et écarté pour le moment le recours à des sanctions. "Nous ne sommes pas à ce niveau-là, mais il y a un certain nombre de procédures internationales qui seraient mises en oeuvre si la transition ne se passait pas" entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, a indiqué jeudi matin la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.
Les deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire ont aujourd'hui formé des gouvernements et luttent pour s'assurer le contrôle des administrations et des finances du pays. Alassane Ouattara a été donné vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages mais le Conseil constitutionnel, acquis à Laurent Gbagbo, a invalidé ces résultats et a proclamé ce dernier président avec 51,45%.