Get rich or die single. Et si le rêve américain se vivait seul ? Pour la première fois depuis l‘établissement de ces statistiques en 1976, le peuple américain est composé d’une majorité de célibataires. Une étude rapportée par le site internet du Washington Post (en anglais) a repris les chiffres du Bureau de Recensement américain en additionnant le nombre de personnes se déclarant célibataires, divorcées ou encore jamais mariées. Total des cœurs à prendre outre-Atlantique : 128.1 millions d’Américains, soit 51.2% de la population du pays. En 1976, date de la première mesure en matière matrimoniale, le ratio de célibataires atteignait seulement 37.6%.
La "géographie du coeur" des Etats-Unis. Outre leur nombre, la localisation de ces célibataires apporte un enseignement intéressant sur la "géographie du cœur" des Américains. Aux couples et aux familles les banlieues et les villes du sud et de l’ouest du pays. C'est là que s’installent principalement les jeunes couples qui accèdent à la propriété et les retraités à la recherche de tranquillité. San José, Salt Lake City, Minneapolis, Kansas City et Dallas font partie de ces villes où les couples sont encore en majorité.
Les célibataires prennent le pouvoir dans les grands centres urbains. De l’autre côté du spectre, les célibataires sont plus urbains puisqu’ils représentent une majorité de la population dans 46 des 51 plus grandes villes du pays. Un indicateur qui confirme une tendance visible dans les pays développés depuis la crise : les célibataires reprennent le pouvoir dans les centres urbains. Comme le souligne cet article du Monde, "aux Etats-Unis, la chute des prix immobiliers liés à la crise des subprimes, ainsi que la baisse des taux d’emprunt, ont permis à nombre de jeunes célibataires d’investir dans les grandes villes à moindre frais".
Des célibataires différents qui vivent dans des villes différentes. Par ailleurs, comme le signale l’économiste Edward Yardeni sur le site de Bloomberg, les célibataires sont plus enclins à louer qu’à acheter, ce qui leur permet d’habiter plus facilement dans les centres-villes, où le foncier est plus cher. Une autre catégorie de célibataires américains se concentre particulièrement dans la Rust Belt (zone de l’industrie automobile économiquement sinistrée qui va de Chicago à Buffalo), où vivent des personnes âgées, souvent veuves. Enfin, sans surprise, les villes étudiantes comme Gainesville (où se situe l’université de Floride) ou Lawrence (où s’est installée l’université du Kansas) figurent également parmi les villes avec la plus grande proportion de célibataires.
Les villes s’adaptent. Signe d’une uniformisation sociale, ce changement démographique force les villes à s’adapter. A l’instar de New York, dont l’ancien maire Michael Bloomberg a promu la construction de micro-appartements de 30m². Les plus grands centres urbains attirent donc une population de jeunes diplômés, pour la plupart célibataires (du moins au sens statistique du terme, selon les pays, les gens jamais mariés sont considérés comme célibataires mais peuvent très bien être en couple). Ce qui amène des métamorphoses pour le moins étonnantes des usages sociaux de la ville, comme en témoigne cet article sur Rue 89 où les célibataires se rencontrent au supermarché.
La fin du modèle urbain américain ? Historiquement, les villes américaines se sont structurées sur le modèle des inner cities : c’est-à-dire que les classes sociales les plus aisées cherchaient à se loger en périphérie, laissant les centres-villes aux populations plus défavorisées. Aujourd’hui, avec cet afflux de célibataires diplômés à plus fort potentiel économique au cœur des métropoles, le mode de vie des Américains ressemble plus à celui du Vieux-Continent.