50 à 60 millions d’euros. C’est la facture estimée des Journées mondiales de la jeunesse, qui se dérouleront du 16 au 21 août dans la capitale espagnole, où plus d’un million de personnes sont attendues. En pleine période de crise économique, le chiffre fait grincer des dents jusque dans les rangs de l’Eglise catholique. A tel point qu’une journée de protestation est prévue le 17 août, avec comme slogan notamment "la visite du pape, pas avec mes impôts".
Les estimations officielles ne tiennent pas compte du coût du dispositif de sécurité, ni de la mise à disposition par l’armée d’un aérodrome au sud-ouest de Madrid, où près de 900.000 jeunes devraient assister à la messe de clôture des JMJ. Selon le directeur exécutif de la manifestation, 80% du coût est supporté par les participants, le reste provenant de dons de particuliers ou d’entreprises.
Allègements de charges
Le secteur privé participe activement aux JMJ : deux entreprises de BTP espagnoles ont ainsi financé la construction de la gigantesque scène de 200 mètres de long qui accueillera le pape. Des travaux au coût confidentiel, qui ont mobilisé pas moins de 1.000 personnes pendant quatre mois.
Des multinationales, comme McDonald’s ou Coca-Cola, et des groupes espagnols, comme Santander ou Telefonica, participent également. Ces entreprises ont bénéficié d’allègements de charges de la part du gouvernement, qui juge l’événement "d’intérêt public exceptionnel". Une alliance critiquée même au sein de l’Eglise. Le père Evaristo Villar, responsable d’une association de prêtres madrilènes, juge ainsi que l’organisation des Journées cherche à faire du "spectaculaire" dans un contexte peu appropriés.
"L’Eglise doit montrer l’exemple"
Les Indignés, récemment délogés de la Puerta del Sol, entendent participer à la manifestation du 17 août. "Nous ne pouvons pas payer pour ça. L’Eglise devrait donner l’exemple", s’offusque ainsi l’un des porte-paroles du mouvement.
De son côté, l’Eglise affirme que le budget des JMJ de Madrid est inférieur de 20% à celui de l’édition de 2008 à Sydney. Si le directeur de la manifestation soutient qu’un "effort de sobriété" a été fait, il estime aussi que l’Eglise utilise "tous les canaux existants pour faire passer le message de Jésus Christ". Quitte à provoquer l’incompréhension chez certains.