Ahmet Insel, politologue et économiste turc, était l’invité d’Arlette Chabot lundi. Il a analysé le résultat des élections législatives turques, dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est sorti renforcé dimanche. "Il y a plusieurs facteurs à cette réussite, mais le premier argument est une croissance exceptionnelle. L’économie turque a subi le choc de la crise, mais a rattrapé très rapidement la croissance, dès 2010. C'est un vote de stabilité", a-t-il analysé.
Autre facteur de réussite d’Erdogan selon Ahmet Insel, la "stabilité politique". "Il y avait trop de coalitions gouvernementales qui se faisaient, se défaisaient dans les années 90, les électeurs ont donné leur confiance avec un taux de participation très élevé".
Le politologue a également précisé que la campagne électorale n’avait pas fait l’objet d’un débat sur l’islam et la laïcité. "Cette fois-ci, il n y a pas eu de débat sur l’islam et la laïcité. Le parti a axé sa campagne sur la politique sociale, l’égalité des revenus".
Ahmet Insel a également insisté sur le rôle croissant du pays dans la région, qui peut devenir un modèle de démocratie pour les pays arabes. "Si l’exemple de la démocratie turque n'est pas un modèle, c'est un pôle d’inspiration pour les pays arabo-musulmans de la région. La Turquie a changé un peu son fusil d’épaule, la politique extérieure turque veut être la politique d’une puissance régionale moyenne", assure-t-il. Il cite l’exemple de sa position diplomatique envers les massacres en Syrie. "Depuis quelques jours, la Turquie demande ouvertement à Bachar el-Assad et à son entourage de quitter le pouvoir en Syrie et de laisser la transition démocratique se faire".