Combien sont-ils exactement à avoir laissé leur vie dans leur interminable voyage ? Selon l'Organisation internationales pour les migrations, 1.727 personnes au moins sont mortes depuis le début de l'année en tentant de traversée la mer Méditerranée. Parmi eux, la plupart viennent de Syrie ou d'Erythrée. Si le sort des Syriens est largement médiatisé depuis le début de la guerre civile en 2011, celui des Erythréens est largement passé sous silence. Alors que fuient ces clandestins ?
Issayas Afewerki, le Kim Jong-Un erythréen. Si l'Erythrée est régulièrement décrite comme "la Corée du Nord africaine", c'est que réussir à franchir les frontières de ce pays de la Corne de l'Afrique relève déjà de l'exploit. Pour pouvoir en sortir, les Eyrthréens doivent obtenir une autorisation. Devant les refus quasi-systématiques, ils sont 3.000 chaque mois à passer entre les balles des nombreux gardes qui patrouillent aux frontières.
Ces Erythréens tentent d'échapper à la surveillance quasi-généralisée du dictateur Issayas Afewerki, au pouvoir depuis 1997 et ce sans jamais avoir été élu ni feint d'appliquer une Constitution. L'homme s'est imposé à la faveur d'une guerre de sécession avec l'Ethiopie au début des années 90. Le petit pays a obtenu son indépendance en 1993 mais entre 1998 et 2000, une nouvelle guerre avec son voisin, privé de tout accès à la mer, convainc Issayas Afewerki de diriger le pays d'une main de fer.
L'armée ou la prison. Dans les faits, la vie des Erythréens est limitée à trois choix : combattre pour le régime, être enfermé dans ses geôles ou fuir leur terre natale. Le service militaire est en effet obligatoire pour tous, hommes et femmes, entre 18 et 50 ans. Impossible de prévoir la durée de la conscription. Ceux qui refusent leur sort risquent d'être emprisonnés ou torturés. "Un grand nombre de détenus sont entassés dans des cellules souterraines ou des conteneurs métalliques, souvent installés en plein désert, où régnent des températures extrêmes", décrit Amnesty International dans son rapport annuel.
L'ONG résume la situation subie au quotidien par les Erythréens : "Les partis d’opposition sont interdits, tout comme les médias indépendants, les organisations de la société civile et les groupes religieux non enregistrés. La liberté d'expression et d'association est très limitée. Le service militaire est obligatoire et se prolonge souvent pour une durée indéterminée. Plusieurs milliers de prisonniers d'opinion et de prisonniers politiques sont maintenus en détention arbitraire, dans des conditions éprouvantes. La torture et les autres formes de traitement cruel, inhumain ou dégradant sont fréquentes."
Les griffes du régime partout dans le monde. Plus de 7% des habitants ont donc choisi de fuir, selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Mais leur calvaire ne s'arrête pas en exil. Amnesty International rapporte l'existence d'une "taxe de la diaspora". Le régime d'Issayas Afewerki force les Erythréens installés dans un certain nombre de pays, comme en Suisse ou au Canada, à reverser 2% de leur revenu à l'Etat en menaçant leurs familles restées au pays. Ceux qui arrivent à franchir la mer ne sont pas pour autant tirés d'affaire.
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