L’INFO. Leur passion leur a été fatale. Trois "chasseurs d'orages ou de tornades" ont été tués alors qu'ils pourchassaient l'une des plus puissantes tornades ayant ravagé l'Etat de l'Oklahoma la semaine dernière. Tim Samaras, son fils Paul et Carl Young sont morts vendredi à Reno. Les trois hommes étaient des passionnés qui parcouraient des milliers de kilomètres à la recherche du plus beau phénomène.
>> Europe1.fr revient sur le profil de ces drôles de passionnés qui parcourent la planète à la recherche de la tornade du siècle.
Aller au plus près du phénomène. C’est ce leitmotiv qui a coûté la vie aux trois passionnés américains Tim et Paul Samaras et Carl Young : aller au plus près, au cœur du phénomène météorologique pour en tirer les meilleurs clichés et les données les plus précises. C’est ainsi que sont prises et tournées les plus impressionnantes vidéos.
Cette vidéo a été tournée dans l’Oklahoma au mois de mai :
Celle-ci date de 2006 et fait partie des vidéos de tornades les plus vues sur le web (13 millions de fois). Elle a été tournée à Manitoba, au Canada, depuis une voiture, aux pieds de la tornade :
Pros ou amateurs ? Comme le montrent les vidéos postées sur le web, il existe de nombreux chasseurs d’orages ou de tornades amateurs. Souvent il s’agit de photographes passionnés par ces phénomènes météo. Le site français "chasseurs d’orages", par exemple, recense quelques uns des chasseurs français, ainsi que leurs sites web sur lesquels ils publient leurs clichés. "J'ai créé le site en 2005, juste après la sortie du film Twister et au moment où on pouvait commencer à glaner de plus en plus d'informations sur le web", explique Christophe Suarez, fondateur de la communauté francophone des chasseurs d'orages. "Aujourd'hui nous sommes entre 300 et 400 membres actifs à "chasser" en France", précise-t-il, à Europe1.fr.
Tous sont des passionnés de météo mais aussi de phénomènes naturels. "Nous sommes des amoureux de tempêtes, d'orages, mais aussi de volcans et d'aurore boréales", confie le chasseur français."Et nous avons tous en commun d'avoir vécu un évènement dans notre jeunesse en lien avec les orages. Moi, par exemple, j'ai vécu un coup de foudre qui m'a tétanisé quand j'avais neuf ans. C'est là qu'est née ma fascination pour les orages. En fait, c'est la peur et l'angoisse suscitée par ce phénomène qui est souvent à l'origine de notre passion", raconte Christophe Suarez, à Europe1.fr.
Tim Samaras, l’un des trois chasseurs morts vendredi près d’Oklahoma, était, lui, un chasseur professionnel, considéré d’ailleurs comme l’un des meilleurs au monde. Ses recherches étaient financées, entre autres, par la National Geographic Sociéty. Il était connu pour avoir développé des instruments scientifiques qui ont permis d'observer pour la première fois des tornades de l'intérieur et il a également mis au point des procédés novateurs afin d'en savoir plus sur les orages et d'améliorer la prévision des orages.
Le risque à chaque chasse. Etudier les tornades au plus près implique nécessairement des risques, mais que les chasseurs professionnels connaissent et savent souvent gérer. Tim Samaras était connu pour être très prudent, mais comme il l’expliquait en 2004, à la journaliste Soledad O'Brien sur CNN, "le réseau routier vous oblige parfois à être plus près que ce que vous souhaiteriez", et donc à prendre des risques.
Sur cette vidéo tournée par Tim Samaras et son équipe, la tornade est à moins de 100 mètres d’eux :
Ces risques, le chasseur français Christophe Suarez les connaît bien. "Il faut savoir quand s'arrêter, quand ranger l'appareil et rentrer dans la voiture. Quand je vois des jeunes de 17 ans partir "chasser" en vélo, je ne suis pas d'accord", confie-t-il. "Mais ce n'est pas une passion sans risques", admet le chasseur d'orages.
Des relais précieux pour les autorités. Les chasseurs d’orages et de tornades sont des informateurs précieux pour les centres de météorologies et les autorités. Comme le souligne le site français Chasseurs d’orages, les chasseurs "ont souvent une bonne connaissance de la météorologie et des dangers ; et peuvent donner de bonnes informations aux autorités sur la progression des orages qui permettent d'avertir la population menacée".
Aux Etats-Unis, le centre de météorologie National Weather Service a lancé un programme dans les années soixante-dix baptisé Skywarn "alerte ciel" dont le but est de former des volontaires à la reconnaissance de nuages pouvant produire des tornades, de la grêle, des vents violents et des pluies torrentielles. Selon le site internet du programme, Skywarn compte, aujourd’hui, plus de 290.000 volontaires, répartis dans 122 réseaux locaux.
En Europe, les tornades sont des phénomènes rares mais il existe des réseaux de volontaires qui se sont formés indépendamment des services de météorologique nationaux. "Certains de nos météorologues sont parfois sollicités par ces clubs et réseaux amateurs qui souhaitent être "formés" ou recevoir des conseils", a-t-on confié chez Météo France. Quelques tornades ont néanmoins pu être observées ces dernières années en France mais elles doivent être considérées "comme une simple cerise sur le gâteau possible", rappelle le site Chasseurs d’orages.