Après la Tunisie et l'Egypte, la révolte populaire s'étend depuis quatre jours à Libye, où était organisé jeudi la "Journée de la colère". Les forces de sécurité ont tué au moins 24 manifestants et blessé des dizaines d'autres en tirant pour disperser la foule, a affirmé vendredi l'organisation Human Rights Watch, citant des témoins.
"Sept manifestants ont été tués dans les manifestations de jeudi à Benghazi", située à 1.000 km à l'est de Tripoli, avait déclaré jeudi une source médicale locale sous couvert de l'anonymat, bilan confirmé par le journal Quryna, proche de Seif al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, qui a cité une "source sécuritaire responsable".
Benghazi, bastion de la résistance
Les "affrontements violents" entre forces de l'ordre et manifestants à Benghazi, bastion de l'opposition, ont fait également 35 blessés, selon les sites Al Youm et Al-Manara. "Nous entendons des coups de feu dans plusieurs parties de la ville, avait indiqué Ramadhan Briki, rédacteur en chef de Quryna, basé à Benghazi, où le mouvement de contestation a débuté mardi.
Des manifestations violentes ont également eu lieu à Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, où plusieurs personnes ont été arrêtées et des postes de police et un bâtiment public incendiés, a indiqué Quryna sur son site Internet, sans faire état de victime. Selon Quryna, qui cite des "sources de sécurité bien informées", le ministère de l'Intérieur a limogé un haut responsable local des services de sécurité, à la suite de la mort des deux manifestants à Al-Baïda.
Al-Baïda rejoint le mouvement
Libya Watch, une ONG des droits de l'Homme basée à Londres, a fait état d'"au moins quatre morts et plusieurs blessés" à Al-Baïda lorsque "les forces de la Sécurité intérieure et des milices des comités révolutionnaires ont dispersé, en usant des balles réelles, une manifestation pacifique de jeunes". Le site d'opposition Libya Al-Youm a aussi parlé d'au moins quatre morts par balles.
Des vidéos circulant sur Internet montraient des dizaines de jeunes rassemblés à Al-Baïda scandant "Le peuple veut faire tomber le régime", tandis que des voitures prenaient feu.
Tripoli tenue par les pro-Kadhafi
L'appel à cette "Journée de la colère" ne semblait en revanche pas suivi à Tripoli, où des centaines de manifestants pro-régime se sont rassemblés sur la Place verte au coeur de la capitale. "Kadhafi, le père de tout le peuple", "la foule soutient la révolution et le leader", pouvait-on lire sur leurs pancartes. Des centaines de manifestants pro-régime ont défilé aussi à Benghazi, Syrte (est) et Sebha (sud), selon des images de la télévision d'Etat diffusées en boucle.
Mercredi soir, des SMS ont été envoyés par "les jeunes de la Libye" sur le réseau de téléphonie mobile, mettant en garde celui qui "oserait toucher aux quatre lignes rouges": Mouammar Kadhafi, l'intégrité territoriale, l'islam et la sécurité du pays. Les comités révolutionnaires, piliers du régime, ont prévenu de leur côté qu'ils ne permettraient pas que "les acquis du peuple soient pillés et la sécurité du citoyen et la stabilité du pays soient menacées".