Dans une allocution téléphonique à la télévision d’Etat libyenne, Mouammar Kadhafi a redéployé le même argumentaire que lors de son discours de mardi. A savoir : les manifestants sont des "jeunes", des "adolescents", "drogués". "Une personne est dans un coin de rue avec des cachets de drogue, pour leur demander d’attaquer un commissariat, c’est comme cela que ça se passe", a assuré le leader libyen.
Et Mouammar Kadhafi continue d’agiter le spectre du "terrorisme international", mais cette fois de manière plus précise que mardi. Il a accusé nommément Oussama Ben Laden de "manipuler" les Libyens. "Ces gens n'ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden", a-t-il estimé. "Pourquoi suivez-vous le chemin de Ben Laden ?", demande-t-il encore aux insurgés, les menaçant de conséquences économiques désastreuses.
Kadhafi présente ses "condoléances"
Enfin, Mouammar Kadhafi présente ses "condoléances" aux "familles de quatre personnes des forces de sécurité tuées" à Zaouiyah, une des villes insurgées, à 60 km à l'ouest de Tripoli. Dans cette ville, des terroristes auraient pris d'assaut un centre d'une force sécuritaire et égorgé trois soldats, d'après l'agence officielle libyenne Jana.
Le dictateur a imputé la responsabilité du chaos libyen à son peuple : "vous détruisez vous-mêmes votre propre pays", a-t-il lancé. Et dès le début de son allocution téléphonique, hésitante et décousue, entrecoupée de silences, Mouammar Kadhafi a réitéré ses encouragements aux Libyens pour qu’ils fassent justice eux-mêmes : "sortez de vos maisons pour retenir vos jeunes, vos enfants", s’est-il exclamé. Il a appelé les Libyens à "prendre les armes" des insurgés en révolte contre son régime.
Il se compare à la reine d'Angleterre
Fidèle à la même rhétorique depuis le début de la révolte le 15 février dernier, le dictateur reste ainsi droit dans ses bottes. Et exclut toujours de démissionner, avec la même justification : il n'a pas de poste "officiel" pour pouvoir le quitter. Pour lui, son pouvoir est simplement "moral". Il a établi à ce sujet une étrange comparaison avec la reine d'Angleterre : "je n'ai pas le pouvoir de faire des lois ou de faire appliquer la loi. La reine d'Angleterre n'a pas cette autorité. C'est exactement mon cas".