Kadhafi a parlé. Alors que son pays est en proie à des contestations sans précédent, le président libyen, Mouammar Kadhafi, s'est exprimé lundi soir. Il est apparu à la télévision libyenne pour démentir les informations selon lesquelles il serait parti au Venezuela.
"Je suis à Tripoli et non au Venezuela (...) Je vous demande de ne pas croire les chaînes étrangères, ce sont des chiens", a-t-il affirmé :
Des tirs sur la foule
En attendant, la situation s'aggrave dans le pays. Lundi, les forces armées libyennes ont mené une opération de grande ampleur, tirant sur la foule. Au moins 160 personnes ont trouvé la mort en une journée dans la capitale. L’organisation Human Rights Watch faisait auparavant état de 233 morts depuis le début du mouvement. La télévision d’Etat a expliqué que cette opération visait les "saboteurs et (ceux qui sèment) la terreur".
Les témoignages de Français de retour de Libye abondaient dans le même sens, quant à la situation dans le pays : "cela devenait relativement dangereux : la sécurité était assurée par des civils. Il n’y avait plus rien qui nous permettait de nous sentir en sécurité dans le pays", a raconté l'un d'eux. Pourtant, l'un des fils du colonel Mouammar Kadhafi a nié les bombardements de quartier résidentiels. "Il n'y a aucune vérité dans les informations voulant que nos forces armées aient visé Tripoli et Benghazi", a assuré à l'agence de presse officielle Jana Saïf al Islam Kadhafi. "Le raid a visé des dépôts de munitions situés dans des secteurs isolés de zones habitées", a-t-il corrigé.
Démission du ministre de la Justice
Face à cette violente répression, le ministre libyen de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, a démissionné "pour protester contre l'usage excessif de la force" contre les manifestants, a annoncé un journal libyen.
Le très influent théologien qatari d'origine égyptienne cheikh Youssef Al-Qardaoui a quant à lui émis lundi une fatwa, appelant sur la chaîne Al-Jazira l'armée libyenne à assassiner Mouammar Kadhafi. "Que celui qui dans l'armée libyenne peut tirer une balle sur Mouammar Kadhafi pour en débarrasser la Libye, le fasse", a-t-il lancé, avant de demander à l'armée libyenne de "ne pas obéir à celui qui lui ordonne de frapper son propre peuple".
Sarkozy condamne les violences
Dans un communiqué publié lundi soir, Nicolas Sarkozy a condamné "l’usage inacceptable de la force contre les Libyens qui n’exercent que leur droit fondamental à manifester et à s’exprimer librement". Le chef de l'État a adressé "ses condoléances aux familles des victimes et fait part de sa sympathie aux blessés". Il appelle "à l’arrêt immédiat des violences et à une solution politique afin de répondre à l’aspiration du peuple libyen à la démocratie et à la liberté", conclut le texte.
Peu de temps avant, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait estimé que la violence en Lybie devait "absolument cesser", lors d'une visite officielle au Brésil. Plus tard dans la soirée, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a aussi réclamé "l'arrêt du bain de sang inacceptable" en Libye, se disant "alarmée" par la situation.