Après 42 années de règne sans partage sur la Libye, Mouammar Kadhafi est annoncé mort le 20 octobre 2011. Après Hosni Moubarak en Egypte, Ben Ali en Tunisie, le guide libyen est le troisième dirigeant déchu du monde arabe.
Il aura fallu près de huit mois aux manifestants pour faire tomber le "Guide libyen" qui a dirigé d'une main de fer son pays, ce "puits de pétrole de l'Afrique". C’est dans l’Est du pays que l’insurrection a démarré. L’opposition, qui réclamait le départ de l'instigateur de la "Jamahiriya" (sa révolution), avait créé le Conseil national de transition, le CNT qui sera, par la suite, reconnu par une soixantaine de pays ainsi que par l’ONU comme le nouveau pouvoir légitime en Libye.
Après plusieurs semaines d’intenses combats entre insurgés et "mercenaires" payés par Mouammar Kadhafi, le 19 mars, le principe d'une intervention militaire occidentale est entériné. Paris, Londres et Washington, sous mandat de l’ONU, décident d’appuyer les insurgés afin de stopper la répression sanglante du régime Kadhafi. Le 31 mars, l’Otan prend les commandes de l’opération.
"Dieu est grand !"
Le 22 août, vers une heure du matin, les insurgés parviennent à faire tomber le dernier bastion du colonel Kadhafi : la capitale, Tripoli. Pour les combattants, c’est un symbole. La population est persuadée que la victoire est proche. "J’ai la chair de poule. Dieu est grand !", lance une étudiante enivrée par la nouvelle au micro d'Europe 1. "C’est fini, nous sommes libres", s’exclame-t-elle.
L'émotion gagne tout le pays, comme le montre ce reportage de Catherine Boullay :
Tripoli finit par tomber mais le dictateur libyen reste toujours insaisissable. Deux mois plus tard, une vidéo amateur a fait le tour du monde. Elle montre le corps du colonel Kadhafi ensanglanté, traîné sur le sol par les insurgés. L’annonce est officialisée : le colonel a été capturé et tué dans son bastion de Syrte, par des rebelles.
La dernière vidéo de Mouammar Kadhafi vivant :
Un climat de guerre civile
Trois de ses fils ont été tués pendant le conflit. Seif al-Islam, considéré comme un successeur potentiel, est lui arrêté en novembre et sera jugé en Libye. Le CNT, le Conseil national libyen, est intronisé à la tête du pays mais les fondements de l'Etat restent fragiles. La Libye est toujours sans armée ni police.
La révolution est terminée mais les affrontements se poursuivent. Pour l’ancien diplomate, Patrick Haimzadeh, qui était en Libye, il y a eu au moins une cinquantaine de tués depuis la chute du régime. "Il y a des affrontements entre groupes armés, entre milices de différents partis, souvent à cause de problèmes de territoires, d'un checkpoint au mauvais endroit qui empiète sur le territoire de l’autre", précise-t-il sur Europe 1.
Le climat de guerre civile est toujours latent et les incertitudes sur l’organisation de la future Libye toujours plus nombreuses. La fille de Kadhafi, Aïcha, a repris le flambeau et appelle de son côté régulièrement à renverser le régime actuel. Des élections sont annoncées pour le mois de juin prochain. Selon le CNT, le conflit aura fait plus de 30.000 morts.