C'est un vent de colère qui souffle du côté de la Fédération internationale des droits de l'Homme. Mercredi en marge d'une conférence de presse, plusieurs rescapés, soutenus par des ONG, ont porté plainte contre X pour non assistance à personne en danger après la mort de 63 migrants naufragés au large de la Libye, il y a un an. Cette action vise explicitement l'armée française.
Des SOS sans réponse
La plainte a été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris au nom de quatre survivants, soutenus par une coalition d'ONG, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti).
Ce dépôt de plainte survient deux semaines après la publication d'un rapport de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) qui pointe la responsabilité de l'Italie et de l'Otan dans la mort de ces réfugiés. "Plusieurs opportunités pour sauver des vies à bord de l'embarcation ont été perdues" pouvait-on lire, notamment.
En mars 2011, 72 migrants, tous d'origine africaine, tentaient de rallier les côtes italiennes pour fuir le régime libyen, à bord d'une embarcation d'à peine sept mètres de long. La situation s'est rapidement détériorée et le zodiac a dérivé plusieurs jours avant d'être finalement rejeté sur les côtes libyennes le 10 avril. Au total, 63 migrants sont morts. Et pour cause, leurs signaux de détresse sont restés sans réponse. Les survivants ont raconté avoir aperçu à plusieurs reprises des bateaux militaires, mais ces derniers ne seraient pas intervenus pour leur porter secours. Seul un hélicoptère militaire non identifié se serait approché pour leur donner quelques biscuits et un peu d'eau mais il ne serait jamais revenu.
"On a laissé mourir plus de 60 personnes"
"Nous pensons que l'armée française connaissait la présence de ce bateau, d'autant plus qu'il a été photographié, très certainement par un avion français", accuse Stéphane Maugendre, le président du groupe d'information et de soutien aux immigrés, au micro d'Europe 1. Pour lui, l'armée française est clairement responsable de la mort de ces naufragés.
"Plusieurs messages de détresse ont été diffusés sur la Méditerranée, ce qui est d'autant plus symbolique qu'il y avait des moyens techniques extraordinaires. Pourtant on a laissé mourir plus de 60 personnes", poursuit-il. Les associations expliquent en effet que les bateaux militaires, en pleine intervention en Libye en mai dernier, auraient pu et auraient dû intervenir. Elles espèrent recevoir de l'Otan des informations concernant le positionnement exact des bateaux à l'époque.