L’INFO. La consécration de l'Union européenne avait surpris beaucoup d'observateurs, signe qu'il est toujours difficile de se lancer dans des prévisions fiables. Après la nomination du prix de médecine et de physiologie lundi, tous les regards sont tournés vers vendredi et son prix Nobel de la paix. Pas moins de 259 candidatures ont été soumises mais elles ne sont pas rendues publiques par l’Institut. Qui va donc succéder à l’Union européenne ? Europe1.fr prend d’ores et déjà les paris.
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LA FAVORITE : Malala Yousafzai
Si vous voulez mettre un "billet" sur le nom du prochain lauréat, la solution la plus sage serait de faire de Malala votre favorite. Elle est en tête, à 2 contre 1, par le bookmaker Paddy Power. Son histoire avait ému le monde entier : Malala Yousafzai, 16 ans, a été blessée à la tête l'an dernier par un coup de feu tiré par des talibans mécontents de la campagne qu'elle menait pour que les jeunes Pakistanaises bénéficient d'une éducation. Elle est aujourd'hui toujours menacé par les talibans qui l'accusent de parler "contre l'islam". "Malala Yousafzai est la favorite", a confié Kristian Berg Harpviken, directeur de l'institut PRIO basé à Oslo et spécialisé dans les études sur la paix. Si elle décroche cette récompense, elle sera la plus jeune lauréate de l’histoire du Nobel de la paix. Et c’est justement le principal obstacle pour elle. Certains spécialistes redoutent que le poids de cette récompense soit trop lourd à porter pour cette adolescente qui réside à Birmingham, en Angleterre, et demeure toujours sous la menace des talibans.
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LES OUTSIDERS
Denis Mukwege : Ce Congolais a déjà gagné le prix suédois Right Livelihood, qualifié par certains spécialistes de "prix Nobel alternatif". Le médecin Denis Mukwege pourrait donc bien créer la surprise en battant sur le fil Malala. Cet homme est réputé pour son aide aux femmes violées dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). L’an passé, ce militant avait dû trouver refuge en Belgique et en Suède après avoir échappé à une tentative d’assassinat à son domicile.
La Sœur Mary Tarcisia Lokot. Cette religieuse a passé sa vie à aider à la reconstruction du nord de l’Ouganda, déchiré par la guerre. Elle a repris à son compte beaucoup d’idées en provenance d’Afrique du sud, comme celle de la commission "vérité et réconciliation" après la chute de l’apartheid.
Chelsea Manning. Traître pour certains, héros pour d’autres... Le "lanceur d’alerte" des Etats-Unis et taupe de WikiLeaks, Chelsea Manning, serait dans la course pour le prix Nobel de la paix pour avoir transmis 700.000 documents classés. Il a été condamné à 35 ans de prison. Cette récompense, si elle lui est décernée, serait-elle un sérieux pied de nez au prix décerné au président américain, Barack Obama en 2009.
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Lioudmila Alexeeva, Svetlana Gannouchkina et Lilia Chibanova : Ces militants russes du Moscow Helsinki Group et de Memoral, deux organisations des droits de l’homme, sont régulièrement cités par les bookmakers. Mais pas sûr que le comité veuille s’attirer les foudres du Kremlin, pointé régulièrement du doigt par les ONG pour des atteintes aux droits humains, notamment ceux des homosexuels.
Ales Bialiatsky : Il avait déjà été nommé en 2012. 2013 sera-t-elle son année ? Le Conseil de l’Europe vient juste de lui remettre le prix Vaclav Havel des droits de l’homme. Ce militant biélorusse croupit en prison pour une affaire d’évasion fiscale mais cette condamnation est dénoncée par plusieurs ONG. Il était déjà étroitement surveillé depuis plusieurs années par le dictateur au pouvoir, Alexandre Loukachenko, via son organisation Viasna de défense des droits de l’homme. Il est notamment connu pour s’être vigoureusement opposé aux arrestations de contestataires et le trucage des élections.
Mama Maggie Gobran : Cette laïque égyptienne de l’église copte orthodoxe a fondé en 1985 une œuvre humanitaire pour les enfants pauvres des bidonvilles au Moyen-Orient. Elle s’est notamment occupée d’un quartier en Egypte. Elle est surnommée la "mère Teresa du Caire".
LES TRÈS GROSSES COTES
L’île de Lampedusa : Après le drame de l’immigration de cette semaine, plusieurs journaux italiens ont lancé un appel pour que l’île de Lampedusa, et avec elle ses habitants, se voient attribuer le prix Nobel de la paix. Pour Bruno Manfellotto, le directeur de l’Espresso, ce lieu est devenu le symbole de l’accueil et de la solidarité envers les migrants qui tentent, au péril de leur vie, de gagner l’Europe. L’un d’entre eux raconte : "dans la nuit du 23 et 24 septembre 2005, j'ai été repéré dans la mer, je nageais à la dérive. Un homme qui ne me connaissait pas (un électricien de Lampedusa, ndlr) m'a aidé à gravir la falaise. Il m'a fait m'allonger sur la pierre. Il a ôté sa chemise, m'en a couvert et s'est couché sur moi pour me réchauffer".
Vladimir Poutine : Disons le clairement, ne mettez pas tout votre argent sur ce nom. Il a peu très peu de chances de sortir. Et pourtant certains y croient. Des personnalités russes, dont le député et star de la chanson Iossif Kobzon, ont osé proposer… Vladimir Poutine pour le prix Nobel de la Paix pour son rôle dans la crise syrienne. "Si la situation en Syrie ne s'était pas stabilisée, la 3e guerre mondiale aurait éclaté. Voilà ce que Vladimir Poutine nous a permis d'éviter", a déclaré Beslan Kobakhia, un responsable d'une organisation russe qui soutient l’homme fort du Kremlin.