Mali : ce que l'on sait de l'assassinat des deux journalistes

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avec Walid Berrissoul et agences , modifié à
Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés et tués samedi, à Kidal, dans le Nord du Mali.

Le scénario du pire a été confirmé samedi après-midi. Deux journalistes de RFI ont été enlevés et assassinés par un groupe armé, samedi, à Kidal, dans le Nord du Mali. "Claude Verlon et Ghislaine Dupont, journalistes pour RFI, ont été trouvés morts", a confirmé le Quai d'Orsay. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour préciser les circonstances de l'enlèvement et de l'assassinat des deux reporters. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait du déroulé des événements.

Qui sont les journalistes enlevés ?Ghislaine Dupont était une reporter très chevronnée qui couvrait l'actualité du continent africain depuis sont entrée à RFI, en 1986. Spécialiste de l'Afrique, la journaliste âgée de 51 ans connaissait très bien la région de Kidal. Tout comme Claude Verlon, l'un des techniciens les plus expérimentés de RFI, qui travaillait pour la radio depuis 1982. Les deux reporters s'étaient d'ailleurs déjà rendus à Kidal lors du premier tour de la récente élection présidentielle. Ils se trouvaient cette fois en reportage pour l'opération spéciale de RFI au Mali qui devait se tenir le 7 novembre prochain et qui a été annulée.

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Ont-ils pris des risques en reportage ? Selon une source gouvernementale française, "il y a quelques jours, les deux journalistes avaient demandé à être transportés à Kidal par la force Serval". Une demande refusée par l'armée française, qui rejette depuis un an ce genre d'opération, en raison de l'insécurité dans cette zone. Déterminé à se rendre tout de même sur place, les deux journalistes ont donc "profité d'un transport de la Minusma, la Mission de l'ONU au Mali, qui continue à accepter des journalistes", détaille la source gouvernementale.

Comment s'est déroulé leur enlèvement ? Juste avant leur enlèvement, les deux reporters venaient d'enregistrer une interview d'Ambeiry Ag Rissa, un chef indépendantiste touareg. C'est en effet en sortant du domicile du chef indépendantiste que des hommes armés les ont interceptés sur la route. Les deux journalistes ont alors été emmenés de force à bord d'un 4X4 pick-up. "Ils ont été enlevés par quarte hommes à bord d'une Toyota à Kidal-ville", a confirmé le gouverneur Adama Kamissoko. La scène s'est déroulée en pleine après-midi, devant des témoins se promenant dans le centre de Kidal, ville où se trouvent des soldats français dans le cadre de l'opération Serval. Mais Kidal est aussi un bastion des rebelles touaregs. Une localité encore très instable.

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Dans quelles circonstances ont-ils été tués ? Peu d'informations circulent sur l'assassinat des deux reporters. Après les avoir enlevés, les ravisseurs ont pris une piste en direction de l'est, avant d'abonner les corps à une quinzaine de kilomètres de cette ville du nord du Mali. Une zone qui n'est pas contrôlée par l'Etat Malien. Selon les informations d'Europe 1, un hélicoptère Serval avait été envoyé en reconnaissance mais est arrivé trop tard pour venir en aide aux deux journalistes. Selon un porte-parole de l'armée française, l'armée n'a eu aucun contact physique ou visuel avec le véhicule des ravisseurs. A l’issue d'une réunion de crise, Laurent Fabius a précisé dimanche que Claude Verlon et Ghislaine Dupont, avaient été "assassinés froidement". "L'un a reçu deux balles, l'autre trois balles", a précisé le ministre des Affaires étrangères.

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Quelles pourraient-être les motivations des ravisseurs ? Les ravisseurs avaient-ils décidé dès le départ d'exécuter les deux journalistes de RFI ? Et pourquoi alors ne l'ont-ils pas fait dès qu'ils les ont trouvés à la sortie de leur interview ? La scène se déroulait en effet en plein centre de Kidal, l'impact aurait donc été plus fort, puisqu'il y avait des témoins qui filmaient avec leur téléphone portable. Ou alors s'agit-il d'un kidnapping qui a mal tourné ? Plusieurs sources ont en effet parlé d'une prise en chasse du pick-up des ravisseurs par un hélicoptère de la force Serval. Des informations démenties par l'armée française.

Qui pourraient-être les ravisseurs ? Kidal est zone sous l'influence d'Aqmi, Al Qaïda au Maghreb islamique. Même si depuis l'intervention française, AQMI n'occupe plus la ville. Ils ont en effet été chassés, mais les frontières algériennes et nigériennes sont proches. Aqmi dispose donc encore de relais, notamment des groupes armés capables d'organiser des enlèvements d'Occidentaux.

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Une vengeance contre le MNLA ? Des affrontements armés entre les soldats maliens et les combattants indépendantistes Touaregs du MNLA, émaillent régulièrement la ville de Kidal. Cette ville est en effet le bastion du Mouvement national de libération de l'Azawad. Invité d'Europe1 dimanche, Pierre Boilley, spécialiste de l’Afrique subsaharienne et directeur du centre d’Etude des Mondes Africains, estime que l'enlèvement et l'assassinat des journalistes "ressemble à une vengeance contre le MNLA". Claude Verlon et Ghislaine Dupont s'apprêtaient en effet à donner la parole aux rebelles touaregs du MNLA, qui ont très vite condamné un "acte ignoble".

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