L'info. Après huit mois de laborieuses négociations, le gouvernement malien a signé dimanche à Alger avec une partie des groupes armés du nord du pays un "accord de paix et de réconciliation" pour mettre fin aux violences. Cet accord "a valeur d'une boussole crédible et efficace vers la paix", a observé le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation internationale dans ce dossier. Il "sera signé par toutes les parties", a-t-il insisté.
Le document, paraphé en milieu de matinée dans un palace algérois, n'a pour l'instant pas reçu l'approbation de la Coordination des mouvements de l'Azawad, qui regroupe plusieurs groupes rebelles comme le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Cette Coordination a demandé un "délai raisonnable" en vue de consulter les populations qu'elle représente. Un "accord non partagé avec les populations" a "peu de chance d'être appliqué sur le terrain", a expliqué à la tribune un de ses représentants. Le délai demandé exprime tout simplement "l'ambition d'obtenir le maximum de soutien" à l'accord et non une volonté de "se désolidariser", a relativisé Ramtane Lamamra.
Le texte doit désormais être ratifié à Bamako par les différents groupes. Cet accord est destiné à conclure les négociations débutées en juillet 2014 à Alger, les premières à rassembler l'ensemble des parties prenantes au conflit dans le nord du Mali, où a été lancée en 2013 une intervention internationale initiée par la France. Le Ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé tous les groupes armés à le signer "sans délai".
L'accord pour la paix au #Mali finalisé ce matin à #Alger est une excellente nouvelle. Il s'agit maintenant d'en assurer la réussite.— Laurent Fabius (@LaurentFabius) March 1, 2015
Les revendications des rebelles entendues. Le texte appelle à "reconstruire l'unité nationale du pays sur des bases novatrices, qui respectent son intégrité territoriale, tiennent compte de sa diversité ethnique et culturelle". Comme le souhaitait Bamako, l'accord ne parle pas d'autonomie ni même de fédéralisme, et insiste sur l'unité territoriale, l'intégrité territoriale de l'Etat du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïc. En revanche, il cite l'appellation d'Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une "réalité humaine", en réponse aux revendications des rebelles. Il prévoit la création d'Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants dans un délai de 18 mois, ainsi qu'une "plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales".
Sur la question de la sécurité, il stipule une refonte de l'armée, notamment par l'intégration de combattants des mouvements armés du Nord. En outre, une Commission d'enquête internationale devra faire la lumière sur tous les crimes de guerre, contre l'humanité, de génocide et autres violations graves des droits de l'homme pendant le conflit, selon ce document.
Les groupes liés à Al-Qaïda exclus. Six groupes ont participé aux cinq cycles de négociation depuis juillet 2014, dont le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ou le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). Étaient exclus des négociations les groupes liés à Al-Qaïda qui, à un moment alliés du MNLA, ont occupé pendant plus de neuf mois le Nord du Mali avant d'en être partiellement chassés par l'intervention lancée par la France. En août 2014 lui a succédé l'opération "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne, qui a enregistré ces derniers mois une recrudescence d'attaques, notamment djihadistes, visant les forces maliennes ou étrangères, mais aussi les civils.
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