La requête. Le tribunal d'application des peines (TAP) de Bruxelles se réunit lundi après-midi pour examiner la demande formulée par celui que tous les médias locaux surnomment "le détenu le plus haï de Belgique". Marc Dutroux, condamné en 2004 à la réclusion à perpétuité pour assassinats, viols et enlèvements, demande en effet à bénéficier d'un bracelet électronique pour purger sa peine ailleurs qu'en prison. Un premier pas vers la libération conditionnelle que, d'après la presse d'outre-Quiévrin, la justice ne franchira pas.
>> Mise à jour : Marc Dutroux a comparu lundi après-midi devant le tribunal d'application des peines (TAP) de Bruxelles. La décision du TAP n'est pas attendue avant le 18 février.
L'argument : "aucune chance". "Disons-le tout net, Marc Dutroux n’a aucune chance d’obtenir une mesure de libération conditionnelle ou de placement sous surveillance électronique", tranche La Libre Belgique dans son éditorial. "Il a usé de cette possibilité et c’est son droit, même si la démarche constitue, évidemment, une de ces provocations dont il est friand. Lui et son avocat joueront donc leur chance. Elle est nulle, tout le monde le sait", poursuit le quotidien.
Pour Le Soir, "la classe politique, les citoyens, les médias demeurent fascinés par une possible (mais impensable) libération de Marc Dutroux". "Tous les observateurs s’accordent pour considérer que sa demande n’a aucune chance d’aboutir, tant le comportement de l’intéressé, les avis exprimés par le parquet ou l’administration pénitentiaire lui demeurent défavorables", écrit encore le journal belge.
La ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom, a néanmoins rappelé sur RTL.be que "c'est toujours le juge lui-même qui va décider" de la libération ou non de Marc Dutroux.
La polémique : combien ça coûte ? Plusieurs voix se sont par ailleurs élevées pour dénoncer le coût du transfert de Marc Dutroux au palais de justice de Bruxelles et la sécurisation du bâtiment. "Tous les congés des membres du corps de sécurité et des policiers affectés au palais de justice de Bruxelles sont annulés et suspendus", assure Sudinfo.be.
Selon un syndicat de policiers, plus de 120 policiers ont été mobilisés, pour un coût avoisinant les 50.000 euros. "Ça aurait été plus pratique d’organiser cette séance au sein de la prison où se trouve Dutroux. Il ne fallait pas faire toute cette opération. Il aurait fallu demander aux membres concernés et au juge de venir sur place à la prison", a estimé Geert Cockx, président du syndicat de police Sypol dans les colonnes de l'Avenir.
Le médecin adjoint de la prison de Nivelles, où est incarcéré Marc Dutroux, s'est lui aussi ému de l'argent dépensé pour ce transfert. L'argent "pourrait servir à payer les médecins et les autres professionnels médicaux ou paramédicaux qui travaillent dans les prisons", regrette ainsi Pierre Gourdin dans une interview à La Dernière Heure. Les médecins n'ont pas été payés depuis trois mois et l'Etat doit près de 50.000e à la pharmacienne, assure-t-il.
La demande insolite : un coiffeur. Outre sa demande de bracelet électronique, Marc Dutroux pourrait profiter du coup de projecteur médiatique sur son dossier pour formuler une autre requête, croit savoir Sud Info : un coiffeur. Le détenu "ne serait plus passé chez le coiffeur depuis 5 à 6 mois", nous apprend le site, et "son coiffeur, ou plutôt l’absence de coiffeur, serait devenu son principal sujet de conversation".
Jusqu'à récemment, un coiffeur venait en fait couper les cheveux des détenus de la prison de Nivelles. Mais il a arrêté ses visites. Depuis, les prisonniers se coupent les cheveux entre eux. A l'exception de Marc Dutroux, détenu à l'isolement, explique Sud Info.