Après des mois de silence, l'Union européenne organise lundi après-midi une réunion pour répondre à la pression migratoire grandissante en Méditerranée. Entre 2009 et 2013, la route maritime qui traverse la Méditerranée en son milieu est devenue la plus empruntée par les migrants qui veulent rejoindre les côtes européennes, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). En 2014, 170.760 personnes sont montées sur des embarcations de fortune qui traversent la mer, précise Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières extérieures. Les gardes-côtes italiens tentent de venir en aide aux nombreux appels à l'aide des bateaux qui n'arrivent pas à rejoindre les rivages. Malgré cette aide, en 2014, 3.072 personnes sont mortes au cours du trajet. Un chiffre qui dépasse déjà le millier pour les quatre premiers mois de l'année 2015. Quant à ceux qui débarquent, ils n'ont souvent fait qu'une partie de leur trajet.
En transit en Italie. Une fois en sûreté sur les bateaux de marchandises ou de la marine italienne, les migrants sont conduits en Italie, la plupart du temps sur l'île de Lampedusa, en Sicile ou encore en Calabre, sur la pointe de la botte italienne. Ils sont ensuite souvent pris en charge par les centres de décontamination. Entassés dans les bateaux, ils sont nombreux à avoir contracté des maladies ou des parasites lors de la traversée. Après 24 heures de soins, ils sont généralement transférés vers des centres d'accueil disséminés du sud au nord de l'Italie. L'Etat italien, débordé, appelle parfois ses églises et associations locales à l'aide pour les héberger.
Les migrants ne sont censés rester que 72 heures, le temps de régulariser leur situation. En réalité, certains y restent parfois beaucoup plus longtemps. Pour les autres, la route migratoire remonte vers le nord du pays et les frontières terrestres de l'Italie. Vers Gênes ou Milan en passant par Rome direction la Suède ou "la France et Calais, et l'Angleterre où tu peux avoir un permis de séjour en 3/4 mois", raconte l'un des migrants accueilli en Sicile. "Les pays nordiques accordent plus facilement et plus rapidement le statut de réfugié", explique un autre migrant à Libération. Le quotidien rapporte le récit d'Ahmad, un Syrien passé par l'Algérie puis l'Italie où il est resté deux jours avant de prendre un train pour Paris, puis Bruxelles et Amsterdam. D'autres embarquent à l'arrière de camions ou en stop.
La France, pas la première destination. Rome subit la pression la plus flagrante. En un an, le nombre de dossiers de demandes d'asile a été multiplié par six dans le pays, ce qui laisse penser qu'une bonne partie des migrants reste dans leur pays d'arrivée. Pourtant, dans l'Union européenne, c'est l'Allemagne qui est en première ligne. Rien qu'au mois de janvier 2015, Berlin a reçu 25.020 dossiers de demandes d'asile, selon les chiffres données par Eurostat, l'agence de statistiques européennes. La France ne se trouve qu'à la cinquième position pour le premier mois de l'année, derrière la Hongrie, la Suède et l'Italie. Dans ce contexte d'intense pression migratoire, Paris a connu en 2014 sa première baisse en sept ans du nombre de demandeurs d'asile.
Avec les règles d'ouverture de l'espace Schengen, difficile de savoir exactement combien des 170.000 clandestins de 2014 ont pris la route vers le nord de l'Europe. Parmi les centaines de milliers de demandes d'asile reçues par les Vingt-Huit, impossible de dire quels sont les migrants clandestins passés par l'Italie.
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