Sa position. Pour le garde des Sceaux, pas besoin d'attendre la demande de la justice belge pour exprimer son refus à la venue en France de Michelle Martin, l'ex-femme et complice du pédophile meurtrier Marc Dutroux. "Je n'ai pas l'intention de répondre favorablement, je répondrai non pour être plus clair", a répété Michel Mercier mercredi.
Ses arguments . Il est de toute façon impossible d'accueillir Michelle Martin car si elle manquait à ses obligations en France, il reviendrait uniquement à un juge belge de décider de la renvoyer ou non en prison, a fait valoir le ministre de la Justice. "Compte-tenu des crimes commis, la réponse est donc non pour l’accueillir en France dès lors que le juge français serait démuni de tout pouvoir pour suivre cette libération conditionnelle", a expliqué Michel Mercier au micro d'Europe1.
Le juge français devrait en effet systématiquement s'en remettre à la justice belge. Aussi, même si une convention d'entraide existe au niveau européen pour le reclassement des délinquants, il n'y a rien d'automatique, a assuré le garde des Sceaux. La preuve, la Belgique a déjà refusé à la France l'entrée sur son territoire de délinquants à quatre reprises.
Sa défense. Alors que le ministre belge estime que la réponse de Michel Mercier relève de son avis personnel et que d'autres considèrent que le ministre français a agi sous le coup de l'émotion, le principal intéressé répond : "je n'ai pas pour habitude d'être ému, même si on peut être révolté par certaines actions criminelles".
Ce que dit la loi. La France est liée à la Belgique par la Convention européenne pour la surveillance des personnes condamnées ou libérées sous condition. "On appliquera la convention qui lie la Belgique et la France, on regardera les choses", a promis le garde des Sceaux. Ce texte, datant de 1964, prévoit une aide mutuelle pour le reclassement social des délinquants. Dans le cas de Michelle Martin, cela impliquerait qu'elle soit surveillée par un juge français qui prendrait le relais de la justice belge. Ce dernier s'assurerait qu'elle suit bien ses obligations comme l'interdiction de parler à la presse ou le fait qu'elle travaille effectivement pour indemniser les victimes.
Pour le moment, Michel Mercier n'a toujours pas été saisi officiellement de la demande de la Belgique.