Il se tient dans l’ombre, la tête recouverte d’un épais turban kaki, un sourire aux lèvres. Sur les premières images de Serge Lazarevic captées mardi soir par Télé Sahel, le touareg Mohamed Akotey se tient à droite de l’otage libéré. Ce dernier prend d’ailleurs le temps de remercier “Mohamed” en plus du président nigérien, Mahamadou Issoufou. Et pour cause. Mohamed Akotey a activement participé à la libération de Serge Lazarevic mais aussi à celle des otages d’Arlit en 2013. Portrait d’un intermédiaire vite devenu indispensable.
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Un événement fait basculer sa vie. L’homme qui a eu plusieurs vies, c’est ainsi que les Nigériens qualifient Mohamed Akotey, selon un portrait très complet réalisé l’année dernière par Jeune Afrique. L’homme de 46 ans, est né à Tidène, dans une vallée à 80 kilomètres au nord d’Agadez au Niger. Il appartient à l’influente tribu des Ifoghas, un groupe touareg minoritaire au Niger, d’après la journaliste d’Europe 1, Gwendoline Debono. Jeune étudiant à l’université de Niamey, la capitale du Niger, il quitte son pays pour la France dans les années 90. Il y étudiera l’archéologie à la Sorbonne.
Mais, raconte Jeune Afrique, un événement le fait rentrer précipitamment au Niger en 1995 : son oncle Mano Dayak, figure de la rebellion touareg, décède dans un accident d’avion. Charismatique et déjà fin négociateur, Akotey est choisi pour lui succéder. Un choix qui s’avère payant puisqu’il est à l’origine des accords de paix de Ouagadougou en 1995. Des accords qui mettent un terme à la première révolte touareg contre Niamey.
Des responsabilités de plus en plus importantes. Mohamed Akotey gravit ensuite les échelons du pouvoir. D’abord conseiller en sécurité (1996-1999) du général Ibrahim Baré Maïnassara, ancien président du Niger, il devient de 2007 à 2009 ministre de l’Environnement de son successeur. En 2009, Areva le nomme président du conseil d’administration d’Imouraren SA, sa filiale dans la région d’Agadez. Un poste qu'il occupe encore aujourd'hui, confirme Areva à Europe 1, même s'il n'est pas salarié du groupe.
La révélation avec les otages d’Arlit. C’est depuis sa position au sein d’Areva qu’il assiste en octobre 2010 à l’attaque par Aqmi (Al-Qaida au Maghreb Islamique) du site du géant français à Arlit. Sept salariés du groupe, dont quatre français sont pris en otage. Grâce à ses réseaux touaregs, Mohamed Akotey s’active pour la libération des otages qui intervient le 27 octobre.
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Daniel Larribe, l’un des quatre ex-otages, avait raconté les conditions de leur libération : "Les ravisseurs sont descendus, ils sont allés discuter avec des personnes, et puis à un moment donné, nous avons vu une personne arriver, je reconnaissais son visage mais je n’arrivais pas à mettre un nom dessus. Il s’est présenté : ‘Mohamed Akotey, président de la société Imouraren, je suis venu vous chercher, vous êtes libres’”. Le rôle clé joué par Mohamed Akotey est alors reconnu mais l’homme refuse de répondre aux sollicitations médiatiques.
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A nouveau aux commandes pour Serge Lazarevic. Dès la libération des otages d’Arlit, Mohamed Akotey est aux commandes pour la libération de Serge Lazarevic, enlevé au Mali le 24 novembre 2011. Selon les informations de RFI, il n’aurait cependant pas été directement en contact avec les ravisseurs. C’est un lieutenant de l’islamiste malien, Iyad Ag Ghali, dénommé Ibrahim Ag Inawelan, qui fait la navette entre Mohamed Akotey et le groupe terroriste. Toujours selon RFI, “c’est ce bras droit du leader du groupe islamiste Ansar Dine qui a joué un rôle clé”. Mais, il a moins été mis en lumière par les médias français que Mohamed Akotey, désomais définitivement sorti de l’ombre.