John Demjanjuk, condamné en mai dernier par la justice allemande à cinq ans de prison pour complicité dans la mort de 28.000 Juifs en 1943 dans le camp nazi de Sobibor en Pologne, est mort samedi à 91 ans dans une maison de retraite du sud de l'Allemagne, a annoncé un porte-parole de la police. Juste après sa condamnation, il avait été remis en liberté en raison de son âge.
Extradé des Etats-Unis vers l'Allemagne en 2009, Demjanjuk a toujours clamé son innocence. Né en 1920 en Ukraine, John Demjanjuk avait été enrôlé dans l'Armée rouge en 1941. Il avait été fait prisonnier par les troupes allemandes un an plus tard. C'est ensuite qu'il aurait été gardien au camp de Sobibor, où l'on estime que 250.000 Juifs sont morts.
Naturalisé américain en 1958
John Demjanjuk a émigré aux Etats-Unis au début des années 1950 et obtenu la nationalité américaine en 1958. Déchu de sa nationalité, il a été extradé en 1981 vers Israël, où la justice l'a condamné à mort en 1988 après que des survivants de l'Holocauste l'eurent identifié comme étant le garde surnommé "Ivan le Terrible" au camp de Treblinka, où ont péri 870.000 personnes.
Cinq ans plus tard, la Cour suprême israélienne cassait ce jugement et le libérait à la lumière de nouveaux documents issus de l'ancienne URSS. Ces documents indiquaient qu'un autre homme, Ivan Marchenko, était probablement "Ivan le Terrible".
Extradé vers l'Allemagne en 2009
Revenu à Cleveland, John Demjanjuk a recouvré sa nationalité américaine en 1998. Un an plus tard, le département de la Justice rouvrait son dossier en le soupçonnant d'avoir été gardien dans trois camps nazis et de l'avoir caché aux services de l'immigration lors de son arrivée aux Etats-Unis.
En 2002, il perdait de nouveau sa nationalité américaine et, après l'échec de divers recours, il finissait par être extradé vers l'Allemagne en mai 2009 après l'émission d'un mandat d'arrêt par la justice allemande. Lors du procès, l'accusation a été fragilisée par l'absence de témoins directs des faits reprochés à Demjanjuk. Elle s'est essentiellement appuyée sur des documents datant de la Seconde Guerre mondiale, dont une carte d'identité nazie.
Pour la défense, ce document est un faux fabriqué par les Soviétiques. Elle a ajouté que, en supposant que Demjanjuk ait bien été gardien de camp, il n'en a pas eu le choix : en tant que prisonnier de guerre, il risquait soit d'être abattu, soit de mourir de faim.