C'est désormais officiel. L'Iran a annoncé, mardi matin, avoir commencé à enrichir de l'uranium à 20%. Téhéran avait prévenu dès dimanche du début imminent de cette opération en invitant même les inspecteurs de l'AIEA à être présents sur le site. Mais cette annonce officielle sème à nouveau la confusion.
La semaine dernière, l'Iran avait en effet accepté une proposition qui consistait à enrichir son uranium à l'étranger, entre la Russie et la France. Cet accord avait été exprimé auprès de la presse et non des responsables de l'AIEA. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, avait même estimé qu'un accord sur le traitement à l'étranger de l'uranium iranien faiblement enrichi n'était "pas trop lointain".
La piste des sanctions
Ce changement de cap du régime iranien a provoqué une levée de boucliers. Paris, qui estimait lundi par la voix de son ministre des Affaires étrangères que Téhéran "ne [savait] pas fabriquer du combustible", envisage désormais avec les Etats-Unis de "travailler" au sein du Conseil de sécurité de l'ONU à de nouvelles sanctions. L'Union européenne s'est dite prête à prendre les "mesures nécessaires". Les discussions risquent pourtant d'être longues à ce propos.
La Chine, notamment, n'est pas convaincue de la nécessité d'appliquer de nouvelles sanctions. Mais la Russie, jusque là prudente, semble changer de ton : l'enrichissement fait douter de la "sincérité" de l'Iran, a fait savoir Moscou mardi.
Nucléaire civil ou militaire ?
Côté iranien, on assure que l’enrichissement de l’uranium n’a pour seul but que la production d’énergie nucléaire. Plusieurs capitales occidentales accusent pourtant l'Iran de chercher à produire l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. Car si l'uranium faiblement enrichi, entre 3 et 5%, est effectivement utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires, le même minerai enrichi à 90% peut permettre de fabriquer une arme nucléaire.
Signe de la tension qui monte : des manifestations ont été organisées mardi à Téhéran devant plusieurs ambassades européennes. La représentation de l'Italie a même été la cible d'une tentative d'assaut.