21h30, le 4 novembre 1995. Yitzhak Rabin descend de la tribune après avoir prononcé un discours pour soutenir le processus de paix avec le slogan : "oui à la paix, non à la violence". 150.000 personnes sont alors rassemblées sur la place des Rois d’Israël, en plein cœur de Tel Aviv. Dans la foule, Yigal Amir, un jeune extrémiste juif. A 21h40, il tire à trois reprises en direction d’Yitzhak Rabin qui s’écroule.
La "stupeur", "l’effroi"
"On a tiré sur Rabin. Ce n’est pas possible". Quand Laurent Hauben, correspondant de TF1 à Jérusalem reçoit un coup de téléphone de sa rédaction à Paris pour lui annoncer la mort d'Yitzhak Rabin, c’est la "stupeur", "l’effroi".
"Je suis reparti au bureau, on a envoyé une équipe à Tel Aviv, et j’ai préparé une rétrospective qui n’était évidemment pas prête. Cette nuit-là, j’ai dû dormir une heure", se souvient-il. "Je suis allé à l’hôpital dont l’accès était bouclé. C’était déjà le branle-bas de combat", raconte de son côté Georges Malbrunot, correspondant pour Europe 1 à l’époque. Son premier sentiment : "la surprise" face à ce qu’il qualifie de "tremblement de terre".
Pourtant, depuis quelques semaines déjà, en Israël, certains journalistes présents sur place sentaient monter une tension. Charles Enderlin, le correspondant de France 2, l’un des seuls sur place à Tel Aviv au moment du drame, raconte dans les colonnes du JDD "la sourde inquiétude qu’il ressentait depuis des mois". "Bien sûr, il y avait une dynamique qui allait vers la paix depuis 1993 et les accords d’Oslo. Mais à côté de cela, il y avait des manifestations de colons qui mettaient une pression désagréable", se rappelle aussi Laurent Hauben.
Les bougies des jeunes Israéliens
A l’annonce de la mort d'Yitzhak Rabin, ce sont des centaines d’Israéliens qui descendent à leur tour dans la rue. "C’est l’image la plus forte que je garde de ce moment-là : ces jeunes gens avec des bougies devant le domicile d'Yitzhak Rabin, le deuil, la colère aussi", se souvient Laurent Hauben.
Un cercueil couvert d’un drapeau israélien, la foule au bord des routes pour lui rendre un dernier hommage, les dizaines de chefs d’Etat étrangers réunis pour la cérémonie et les larmes de la petite fille d'Yitzhak Rabin : réécoutez les archives d’Europe 1 de l’époque.
"Tout s’est passé très vite" :
15 ans après, les participants à la cérémonie en la mémoire d'Yitzhak Rabin sont de moins en moins nombreux. Les jeunes qui pleuraient à l’époque, "c’est une génération désabusée qui a vécu tous les échecs du processus de paix", analyse Laurent Hauben. "La mort d'Yitzhak Rabin, c’est l’acte de décès du processus de paix. Les Israéliens d’aujourd’hui se sont radicalisés. Ils ne pleurent plus Rabin", confirme Georges Malbrunot.