Menacé de nouvelles sanctions internationales pour punir la prolifération nucléaire, l'Iran brandit la fermeture du détroit d'Ormuz comme une menace, au point d'affoler les Etats-Unis et les cours de la Bourse. Europe1.fr présente ce haut lieu stratégique méconnu.
Qu'est-ce que le détroit d'Ormuz ? Situé entre les Emirats Arabes Unis et l'Iran, le détroit d'Ormuz est un petit bras de mer large de 50 kilomètres pour une profondeur n'excédant pas soixante mètres. "Cest un détroit international. En conséquence, tous les navires, quel que soit leur pavillon, bénéficient du droit de passage en transit, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982 et au droit international coutumier de la mer", explique Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Quelles marchandises y transitent ? Principalement du pétrole. Près de 40% du pétrole produit au Moyen-Orient passe par ce détroit. Il est incontournable pour alimenter le monde entier. L'Iran, bien sûr, exporte son pétrole par ce détroit. Il sert à alimenter essentiellement l'Italie (180.000 barils), l'Espagne (160.000 barils) et la Grèce (100.000 barils). Mais outre le deuxième producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Emirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit.
Fermer le détroit est-il vraiment réalisable ? "Aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz", si les menaces américaines sur les exportations pétrolières iraniennes étaient mises à exécution. Le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, sait que sa menace est prise au sérieux. Toutefois, une telle mesure ne semble pas envisagée pour le moment par l'Iran. "Aujourd'hui nous n'avons pas besoin de fermer le détroit car nous contrôlons la mer d'Oman et nous pouvons contrôler le transit" maritime et pétrolier, a estimé l'amiral Habibollah Sayyari. De toute façon, à écouter Bernard Valero, fermer le détroit n'est pas possible. En transit, les bateaux battant n'importe quel pavillon peuvent passer dans un détroit international, comme l'est celui d'Ormuz.
Comment réagit la communauté internationale ? Mercredi, les Etats-Unis ont vivement réagi aux menaces de fermeture du détroit en affirmant qu'"aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée". La France a rappelé l'Iran au respect du droit. "Comme sur les droits de l'homme et la prolifération nucléaire, nous appelons les autorités iraniennes au respect du droit international et en particulier de la liberté de navigation dans les eaux internationales et les détroits", a affirmé Bernard Valero. Quant à l'Union européenne, elle "envisage" toujours ses sanctions. "Nous ne renonçons pas à cette idée" si Téhéran ne s'engage pas à coopérer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire, selon Catherine Ashton, la porte-parole de l'UE.