Cela fait plus d'un mois que deux hommes se disputent le pouvoir en Côte d'Ivoire. Malgré les résultats de la Commission électorale indépendante, qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur, le président sortant Laurent Gbagbo persiste et signe en restant au pouvoir. Il a néanmoins tendu la main mardi au clan Ouattara, en lui proposant une conciliation. Alassane Ouattara a refusé cette proposition.
L'intégralité de l'interview :
Au micro d'Europe 1, jeudi, Alassane Ouattara a qualifié de "blocus" la méthode employée par Laurent Gbagbo. "De nombreux ivoiriens sont assassinés par des mercenaires et des miliciens de Laurent Gbagbo", a-t-il ainsi avancé, évoquant le chiffre de "200 morts" et de "plus de 1.000 blessés", ainsi que des "viols". "Nous avons des preuves. L’ONU et l’organisation des droits de l’Homme ont relevé des massacres, des assassinats ", a aussi argumenté Alassane Ouattara.
Ouattara demande l'aide de la CPI
D'après l'ONU, des centaines de personnes ont été enlevées par les forces ivoiriennes et des groupes qui leur sont alliés. Depuis le début de la crise, de nombreuses victimes ont été la cible d'escadrons de la mort opérant la nuit dans les quartiers où Alassane Ouattara est notoirement populaire.
"J’ai déjà écrit au secrétaire général des Nations unies pour demander que la Cour pénale internationale envoie en Côte d'Ivoire une mission d’investigation et me dit que cela se fera dans les prochains jours", a-t-il aussi développé. "Laurent Gbagbo a du sang sur les mains", a insisté le responsable politique, qui demande à ce que la communauté internationale "renforce ses sanctions", en privant par exemple de visa et de voyage Laurent Gbagbo et ses soutiens.
"Je suis un homme de paix"
Pour l'heure, Alassane Ouattara fait également montre de réserve, expliquant que "si la situation" avait duré autant, c'est parce qu'il souhaitait "une solution pacifique". Le président élu a aussi souligné le fait qu'il n'accepterait un tête-à -tête avec Laurent Gbagbo qu'à la seule condition qu'il le reconnaisse comme "président légitime". "Moi je suis le président de tous les Ivoiriens. Aussi bien du Nord, du Sud, du Centre, de l’Est de l’Ouest", a-t-il martelé. "Je ne peux pas être un dictateur. Je suis un démocrate".
Toutefois, Alassane Ouattara, qui tente de renforcer son assise dans un pays divisé par les batailles politiques et les luttes intestines, n'exclut pas d'user de la force, tout en temporisant. "Si Gbagbo s’obstine à rester au pouvoir, il en subira les conséquences : il sera tout simplement délogé et cela se fera sans grande difficulté à mon sens".
Pour l'heure, les médiateurs de l'Union africaine et de la Cédéao continuent par tous les moyens d'essayer de convaincre le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo de céder son fauteuil à son rival, sans avoir à passer par une hypothétique intervention armée pour le déloger.