Un roi s'est éteint. Le légendaire trotteur Ourasi, quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, est mort samedi à 32 ans dans le haras normand où celui qui avait été surnommé le "roi fainéant" coulait une retraite paisible après une carrière inégalée l'ayant rendu populaire bien au-delà du cercle des amateurs de hippisme. "C'est un sale jour. Il est mort à 11 heures et a été enterré aussitôt", a déclaré Pierre Lamy, le directeur du haras de Gruchy, près de Bayeux, dans le Calvados, qui accueillait le cheval depuis sa retraite fin 1990.
Un véritable élément du patrimoine national
Le trotteur au fort caractère, resté dans les mémoires pour sa façon de survoler les courses, engrangeant 58 victoires, était devenu un véritable élément du patrimoine national et continuait à attirer chaque année des centaines de visiteurs français et étrangers. Mais après une petite alerte il y a un an, l'état du santé de l'alezan brûlé, qui était jusque-là resté dans une forme étonnante, avait commencé à fortement se dégrader il y a trois semaines, a précisé Pierre Lamy. Ourasi aurait fêté le 7 avril son 33e anniversaire, un âge plus que centenaire pour un équidé.
"Il a toujours été exceptionnel, d'une résistance incroyable. Il a eu une vie très, très heureuse. A l'élevage, à l'entraînement, à la retraite. C'est un cheval qui a eu de la chance", a souligné Pierre Lamy. Et de la personnalité. Malin et autoritaire, le trotteur, qui n'a jamais accepté d'être monté, a toujours su ménager ses efforts, se préservant à l'entraînement pour ne donner sa pleine puissance qu'en course. D'où son surnom de "roi fainéant" et, peut-être, le secret de sa longévité.
Le troisième prix d'Amérique remporté par Ourasi :
Seul accroc dans sa carrière : en 1989, au faîte de sa gloire et archi-favori, il finit 3e du Prix d'Amérique devant le président François Mitterrand venu spécialement pour l'admirer. Mais c'est pour mieux gagner l'année suivante et devenir, juste avant de prendre sa retraite, à l'âge de 10 ans, le seul cheval à décrocher quatre fois le Graal du trot.
Ourasi a aussi réservé un pied-de-nez à ceux qui misaient sur ses gènes. Etalon "fougueux" mais peu prolifique, il n'a engendré que 38 descendants... dont aucun champion. Au haras de Gruchy, pour ses vieux jours, il partageait paisiblement son paddock de 1,5 hectare avec deux vaches comme dames de compagnie, appréciant les carottes que lui apportaient ses admirateurs. Ourasi a longtemps conservé très belle allure : à 30 ans, seuls son dos un peu creusé, sa barbichette un peu blanchie et des "salières" (les creux au-dessus des yeux) quelque peu marquées trahissaient son âge. Il s'est éteint à un âge très supérieur à la moyenne pour un cheval de course, estimée à environ 25 ans.