Les compagnies aériennes des pays du Golfe ne sont pas les plus rigoureuses en matière du droit du travail. Et à en croire la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), ce serait même un euphémisme. Cette organisation basée au Royaume-Uni a décidé de sortir le porte-voix pour dénoncer les méthodes internes de Qatar Airways, Emirates ou Etihad Airways, trois compagnies en pleine expansion, rapporte notamment Libération.
Demander l'autorisation pour se marier. Chez Qatar Airways, assure l'ITF, le personnel féminin ne peut pas décider de se faire passer la bague au doigt comme il l'entend. Le contrat de travailest très clair sur ce point : "Vous êtes tenue de demander l’autorisation de la compagnie dans le cas où vous souhaitez changer de statut marital et vous marier", y est-il écrit.
Une grossesse peut coûter l'exclusion. Tomber enceinte est aussi plus compliqué pour les femmes travaillant pour la compagnie qatarie que pour d'autres. La faute, là encore, à un contrat impitoyable. Les employées doivent "notifier à leur employeur leur grossesse dès le moment où elles en ont elle-mêmes connaissance. L’employeur se réserve le droit de mettre fin au contrat à compter de la date de notification de la grossesse". Et gare à celles qui tenteraient de cacher leur ventre. "Toute dissimulation de la grossesse sera considérée comme une rupture de contrat", souligne Qatar Airways.
"Interdiction de fumer", même sur le temps privé. Un salarié européen de la compagnie a raconté à Libération certaines règles pour le moins strictes appliquées par la compagnie. Outre les deux précédentes, les employés de Qatar Airways ont "interdiction de fumer, y compris sur [leur] temps privé". Il leur est également imposé un couvre-feu. "Interdiction de rentrer après trois heures du matin. Nous habitons à Doha, dans des immeubles qui appartiennent à la compagnie", commente au quotidien le salarié. "Pour rentrer ou sortir, il faut une carte. De telle sorte que la compagnie sait toujours plus ou moins où on se trouve".
"Forte culture de la délation". Il est difficile d'échapper à la pression, à écouter le salarié cité par Libération. "Ils ont différents moyens de pression. Dans mon cas, pour une histoire de retard à cause d’un problème de transport, j’ai eu interdiction de sortir du territoire pendant six mois", explique-t-il. Et si la direction ne s'en aperçoit pas elle même, elle peut visiblement compter sur la "forte culture de la délation qui s'applique à tous les niveaux de la hiérarchie".
"Aucun droit élémentaire". La Fédération internationale des ouvriers du transport déplore les conditions de travail de ces salariés, pour la plupart étrangers et bénéficiant de visas de travail temporaires. "Ces compagnies font fortune sur le dos d’un personnel à qui on demande beaucoup et qui, sans défense, est licenciable à merci", souligne Paddy Crumlin, le président de l'organisation.
Les syndicats ? Ils rendent les compagnies sous-compétitives. Déjà critiqué par le passé pour ces libertés prises avec le droit du travail, le PDG de Qatar Airways Akbar Al Baker, avait répondu de manière ferme, en mai, à Arabian Business. "Si vous n'aviez pas les syndicats vous n'auriez pas de tels problèmes de chômage en Occident. Les syndicats rendent les compagnies sous-compétitives et ne font que freiner leur productivité", a-t-il défendu.