Le régime libyen de Mouammar Kadhafi a investi 1,27 milliard d'euros dans des fonds de la banque française Société Générale, un des placements favoris et désormais gelés aux côtés de la britannique HSBC et de l'américaine Goldman Sachs, a indiqué jeudi l'ONG Global Witness.
Trois fonds gérés par la Société Générale
La Libyan Investment Authority (LIA), le fonds souverain chargé de placer dans le monde la rente pétrolière libyenne, avait investi 1,8 milliard de dollars, soit 1,27 milliard d'euros, dans trois fonds gérés par la Société Générale. A la date du 30 juin 2010, la valeur de ce placement s'était cependant effondrée, n'atteignant plus que 1,05 milliard de dollars, soit 740 millions d'euros, selon un rapport d'audit diffusé par l'organisation non-gouvernementale.
A la même date, les investissements totaux de la LIA s'élevaient à 53 milliards de dollars, dont près de 4 milliards de dollars dans des fonds bancaires ou des fonds spéculatifs gérés par des sociétés privées, dont la Société Générale et JP Morgan (171 millions de dollars). L'ensemble de ces fonds a été gelé, à la suite du soulèvement en Libye.
Les banques se font discrètes
La LIA détenait par ailleurs 292,69 millions de dollars en devises dans la banque britannique HSBC ainsi que 43 millions de dollars à l'américaine Goldman Sachs. Mais la plupart des dépôts de la LIA, soit 19 milliards de dollars, sont détenus dans des instituts arabes, comme l'Arab Banking Corporation du Bahreïn ou la British Arab Commercial Bank. La LIA détient également d'importantes participations dans de nombreuses entreprises.
Interrogée par l'AFP, une porte-parole de la Société Générale a refusé de faire des commentaires "sur un client spécifique". "Société Générale a affaire à de nombreux fonds souverains et se conforme à l'ensemble des règles et règlements en vigueur", a-t-elle ajouté. Goldman Sachs et HSBC ont également refusé tout commentaire.
Une source proche de cette banque a cependant souligné que, après le gel des fonds, le détail des sommes détenues avait été fourni aux autorités britanniques. Global Witness cite cependant la Cour pénale internationale (CPI) qui a souligné que "Kadhafi ne fait pas de distinction entre ses actifs personnels et les ressources de son pays". "De ce fait, il est essentiel que les autorités bancaires enquêtent afin de savoir si les banques en font assez pour s'assurer que ces fonds d'Etat ne sont pas détournés pour le bénéfice personnel de la famille Kadhafi".