L’info. Devenir européen a un prix. C’est en tout cas ce que considère Joseph Muscat, Premier ministre de Malte. Depuis mardi dernier, les non-ressortissants de l’Union européenne qui souhaitent obtenir la nationalité maltaise devront sortir leur chéquier. Mais cette île méditerranéenne n’est pas la seule à "vendre" ses passeports pour renflouer les caisses de l’Etat.
650.000 euros pour un passeport de l’UE. Le Parlement de La Valette a fixé le prix du "ticket" à 650.000 euros. Une somme que peu de migrants risquent de pouvoir s’offrir. Mais c’est bien l’effet recherché par le gouvernement. Ce dernier entend, en fait, attirer des individus de "haute valeur" susceptibles d'investir dans l'île méditerranéenne.
S’il en coûtera 650.000 euros à un ou une chef de famille, le deuxième membre de la famille à faire une demande de nationalité maltaise ne devra débourser "que" 25.000 euros, idem pour les enfants. Par contre, pour un grand-père ou une grand-mère, il faudra compter 55.000 euros.
Pas de conditions, juste de l’argent. En adoptant ce système, Malte permet ainsi à n’importe quelle personne fortunée d’obtenir rapidement un passeport de l’Union européenne, balayant ainsi les conditions de durée de résidence minimum dans le pays. Le nouveau citoyen européen pourra ensuite circuler et s’installer librement dans n’importe lequel des 28 pays membres. Avec ce nouveau système, le gouvernement entend ainsi augmenter les revenus du pays. Le Premier ministre travailliste estime que cette mesure rapportera 30 millions d'euros dans sa première année, ce qui correspond à 45 naturalisations environ.
Malte, les nouveaux Caraïbes. Le chef de file de l'opposition Simon Busuttil a fortement critiqué cette mesure, redoutant que Malte finisse par être assimilé aux paradis fiscaux des Caraïbes.
Huit autres pays vendent leur titre de séjour. Mais plusieurs Etats européens ont déjà recours à ce système. Chypre, par exemple, place la barre encore plus haut que Malte. L’île propose aux Russes de devenir Chypriotes s’ils laissent leur argent sur des comptes à Chypre pendant au moins cinq ans.
En Espagne, un non-ressortissant européen peut obtenir un titre de séjour s’il rachète pour deux millions de dette publique. Aux Pays-Bas, depuis le 1er octobre, les étrangers non communautaires qui veulent s'installer doivent amener au moins 1,25 million d'euros avec eux s’ils veulent un permis de séjour et ils doivent également investir dans l'économie locale. La Hongrie, elle demande 250 000 euros et l’Irlande, 500.000. La Lettonie octroie, depuis 2010, aux non-européens, un permis de résidence de cinq ans s’ils investissent dans une entreprise, dans le secteur financier ou dans un bien immobilier. Le Portugal et la Grèce ont également des systèmes similaires.
Les Etats-Unis inquiets. A Bruxelles, on refuse de s’inquiéter d'une telle pratique car "la nationalité est l’affaire des Etats", dit-on. En revanche, outre-Atlantique, les Américains ne voient pas d'un très bon oeil que n'importe quel "bon payeur" puisse obtenir un passeport européen et donc se rendre aux Etats-Unis sans avoir à demander un visa.