L'INFO. ll aura fallu plusieurs mois pour qu'Aqmi confirme. Abu Zeid, l'un des chefs les plus radicaux d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait été annoncé mort dès le mois de mars. Mais l'organisation terroriste n'avait jamais confirmé l'information. Elle vient de le faire, dimanche, selon une agence de presse mauritanienne. Portrait.
Le FIS et la lutte armée. Agé de 46 ans, Abu Zeid était originaire de l'oasis de Tougourt, à 600 km au sud d'Alger. Il est devenu membre à 24 ans du comité local du Front Islamique du Salut (FIS) puis avant de basculer dans la lutte armée fin 1991 lorsque l'armée algérienne empêche ce mouvement islamiste de s'emparer du pouvoir après avoir remporté les premières législatives pluralistes du pays. Dès 1991 et jusqu'à la fin des années 90, il opère ensuite dans le maquis dans l'est de l'Algérie.
Un "adjoint" intransigeant. C'est en 2003, lors du spectaculaire enlèvement de 32 touristes européens par ce qui était encore le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le grand sud algérien, qu'Abou Zeid est apparu pour la première fois, en tant qu'adjoint du chef des ravisseurs, Abderazak le Para, détenu en Algérie.
Les premières photos de lui montraient un homme de petite taille, presque frêle, la mine sombre, portant une courte barbe. Dans un film amateur tourné par un membre d'Aqmi en 2007, Abou Zeid apparaît brièvement, l'air mécontent et désapprobateur, aux côtés de jihadistes qui jouent dans l'eau autour d'une de leurs Toyotas embourbée dans un oued.
"Un homme violent et brutal". En 2006, quand une brouille éclate entre Mokhtar Belmokhtar, l'un des principaux chefs du GSPC au Sahara et le chef suprême de l'organisation, Abdelmalek Droukdal, installé dans les maquis du nord de l'Algérie, Abou Zeid décide de s'aligner sur la direction du mouvement. En tant qu'adjoint de "l'émir du Sahara" Yahia Djouadi, il commande alors la katiba (groupe de jihadistes).
En juin 2009 le groupe d'Abou Zeid kidnappe le touriste anglais Edwin Dyer et, selon plusieurs témoins, c'est le chef en personne, persuadé que Londres se tiendrait à sa ligne consistant à ne pas négocier, qui aurait égorgé l'otage. Peu après l'annonce de la mort d'Edwin Dyer, un responsable malien qui avait participé aux négociations avait confié : "Abou Zeid est un homme violent et brutal. Il est très dur en négociations. Il nous a reproché de travailler pour les blancs qui pour lui sont des impies".
Une mainmise "spectaculaire" sur tout le Sahara. Ces dernières années, "Abou Zeid avait étendu de manière spectaculaire son terrain d'action, avec une grande mobilité, kidnappant des touristes dans le sud de la Tunisie, ouvrant le front du Niger qui n'existait pas avant lui", explique le chercheur français Jean-Pierre Filiu, auteur des "Neuf vies d'Al Qaïda".