Le Rafale attendait ce jour depuis plus de 25 ans. La France va officiellement conclure lundi la première vente à l'export de son emblématique avion de chasse, au profit de l'Egypte. Le ministre français de la Défense Jean-Yves le Drian se rend au Caire pour la cérémonie de signature avec le président égyptien, Abdel Fattah-al Sissi. Le contrat porte sur la vente de 24 Rafale, fabriqués par Dassault Aviation, une frégate FREMM du groupe naval DCNS, ainsi que des missiles, fabriqués par MBDA. Montant total de la transaction : près de 5,2 milliards d'euros. Cette vente, cruciale à plusieurs titres pour Dassault et l'Etat français, est pourtant critiquée par les défenseurs des droits de l'homme.
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La répression du régime égyptien dans le viseur. Premier argument des pourfendeurs de la transaction : le bilan en termes de droits de l'homme du régime égyptien. Juste avant que la vente ne soit bouclée, Amnesty International France avait ainsi appelé le gouvernement à "suspendre tous les transferts d'armes" à l'Égypte en raison de la "répression, sans précédent depuis 30 ans" dans le pays. Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale du parti écologiste EELV, s'est pour sa part étonnée de la "priorité" accordée par l'Égypte à l'achat de ces avions vu "la difficulté économique et sociale dans laquelle elle est. Une Égypte qui, il y a une semaine, a-t-elle rappelé, n'a pas hésité à tirer sur des manifestants".
De nombreux manifestants morts. La mort de Shaïmaa al-Sabbagh, une militante tuée au cours d'un rassemblement fin janvier, avait notamment ému le monde entier. La jeune femme avait été touchée par un tir de chevrotine, attribué par de nombreux témoins aux forces de l'ordre, ce que le gouvernement égyptien avait aussitôt démenti. Au total, 20 manifestants avaient été tués dans des affrontements avec la police, le même week-end. Des violences meurtrières qui ont éclaté à chaque fois lors de rassemblements contre le président actuel, Abdel Fattah al-Sissi. Interrogé sur le sujet, Jean-Yves le Drian a répondu : "A ma connaissance, le président Sissi a été élu par le peuple et, d'ailleurs, il y aura bientôt des élections législatives dans le pays. C'est tout ce que j'ai à dire".
L’Égypte veut renforcer ses capacités d'intervention. "Dans le contexte actuel, c'est très important que l'Égypte puisse agir pour la stabilité et être en
sécurité", a justifié François Hollande jeudi à Bruxelles. En effet, le gouvernement égyptien affirme avoir besoin d'un avion de combat pour renforcer ses capacités d'intervention. Le pays est confronté à l'est à des attaques de djihadistes liés à l'Etat islamique, et à l'ouest à la situation explosive en Libye. Les capitales occidentales, elles, craignent un risque de déstabilisation dans la région avec l'expansion de l'EI. Il n'est pas certain que ces arguments suffisent à convaincre les défenseurs des droits de l'homme.
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