L’INFO. C’est une première mondiale qui va être scrutée de près. Les opérations pour tenter de redresser l'énorme épave du Costa Concordia, dont le naufrage a fait 32 morts en janvier 2012, démarrent lundi matin sur l'île toscane du Giglio. La protection civile italienne a donné le feu vert officiel dimanche après-midi pour un début des opérations vers 6 heures lundi. "Les paramètres du vent et la hauteur des vagues sont compatibles avec les valeurs maximales prévues par les calculs pour la faisabilité de l'opération", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Les opérations de redressement ont toutefois été retardées d'environ deux heures lundi matin, "en raison des forts orages qui se sont abattus cette nuit", ont indiqué les responsables de l'opération.
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Un travail minutieusement préparé. Ce redressage est une opération gigantesque, qui n'avait "jamais été réalisée auparavant" et pour laquelle "rien n'a été laissé au hasard", a assuré Franco Gabrielli, le chef de la Protection civile italienne. Entièrement pris en charge par l'armateur, le coût de l'opération dépasse déjà les 600 millions d'euros. Depuis un an et demi, des centaines d'ingénieurs et techniciens sont mobilisés pour préparer le paquebot de croisières de 57 mètres de hauteur -l'équivalent d'un immeuble de onze étages- et 114.500 tonnes à l'épreuve très délicate et complexe du "parbuckling", c'est-à-dire de rotation.
Les détails de l'opération en images :
Un rotation délicate. Le navire, actuellement incliné à 65° sur le flanc droit, a été stabilisé grâce à des centaines de sacs de ciment placés par des plongeurs au fond de la mer, et par une plateforme, de la taille d'un terrain de football, forée dans le sous-sol marin, sur laquelle viendra reposer le navire. 56 chaînes d'acier, de 58 mètres de long et 26 tonnes chacune, enserrent, comme un carcan, le navire et sont reliées à des tourelles qui serviront à tirer le navire pour le faire pivoter et, de l'autre côté, à le retenir pour éviter que la gravité ne le fasse basculer au-delà de la verticale. Pour contribuer à la rotation et servir ensuite au moment du renflouage, 11 caissons d'acier fabriqués spécialement ont été installés sur le côté émergé du navire.
Le remorquage viendra ensuite. "Quand le bateau sera stabilisé à la verticale sur la plateforme, que tout sera dans la position prévue, alors on pourra dire que l'opération aura été un succès", a expliqué Nick Sloane, l’expert sud-africain, en charge de l’opération. A ce moment-là, il faudra alors attendre plusieurs mois pour que le navire soit renfloué et remorqué loin du Giglio. Aujourd'hui, selon Nick Sloane,"le bateau ne peut pas passer plus de temps sur le flanc", alors que les dommages subis par la partie de la coque appuyée sur les rochers sont encore inconnus. "On ne peut plus attendre", a-t-il lâché.
Une opération qui comporte des incertitudes. Interrogés sur les risques de l'opération, les experts ont souligné qu'ils ne résidaient pas dans le fait que le navire se brise en deux, mais plutôt qu'il "ne parvienne pas à pivoter", a indiqué Franco Gabrielli. Autre point délicat: les éventuels épandages de liquides ou de matières toxiques provenant du bateau dans les eaux bordant l'île du Giglio, fleuron du Parc national de l'archipel toscan. Considérée comme la plus grande réserve marine d'Europe, ses eaux profondes regorgent de poissons et les récifs submergés abritent murènes, langoustes, crabes et moules géantes. "Tout sera fait pour éviter toute contamination ou dégradation", a précisé Maria Sargentini, présidente de l'Observatoire de l'environnement.
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