Coup de froid entre la France et l'Allemagne. Alors que Nicolas Sarkozy a affirmé jeudi à Bruxelles que la chancelière allemande lui avait confié avoir, elle aussi, l'intention de procéder dans les prochaines semaines à "des évacuations de camps", l'information a aussitôt été démentie par des diplomates allemands. Une source de tensions supplémentaires après le dialogue déjà houleux entre Nicolas Sarkozy et Manuel Barroso.
"Je suppose qu'il s'agit d'un malentendu, car la chancelière a dit publiquement, comme elle me l'a raconté personnellement, comment la discussion s'est déroulée, et il n'y a jamais eu de tels propos de la part de la chancelière", a confirmé Guido Westerwelle, ministre allemand des Affaires étrangères, dans une interview à la radio publique Deutschlandfunk.
Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a lui aussi répété vendredi que Mme Merkel n'avait évoqué la situation des Roms en Allemagne "ni lors du Conseil européen, ni lors d'entretiens en marge" du sommet jeudi à Bruxelles.
Pas d'évacuation de "prétendus camps"
"Angela Merkel m'a indiqué sa volonté de procéder dans les prochaines semaines à l'évacuation de camps, nous verrons à ce moment-là le calme qui règne dans la vie politique allemande", a déclaré Nicolas Sarkozy jeudi après-midi lors d'un point presse à l'issue d'un sommet animé à Bruxelles où la question des Roms a dominé. Le chef de l'Etat français s'était prévalu à Bruxelles du "soutien complet, total et entier une fois encore d'Angela Merkel sur cette question comme sur tellement d'autres".
Mais il semble que ce soutien ne soit finalement pas entier, à en croire le démenti qu'à fait suivre Berlin. Car le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a fait savoir que "la chancelière n'a parlé ni lors du Conseil européen, ni lors d'entretiens en marge du Conseil avec le président français de prétendus camps de Roms en Allemagne, et en aucun cas de leur évacuation".
Pour autant, il a indiqué que "le gouvernement (allemand) soutient la France en ce qui concerne les critiques sur la forme et le ton des propos de la commissaire européenne (Viviane) Reding", qui a dressé un parallèle entre les expulsions de Roms et la déportation. Angela Merkel avait d'ailleurs exprimé mercredi soir ses "regrets" pour cette comparaison.
En Allemagne, des Roms du Kosovo
Des Roms, essentiellement originaires du Kosovo, sont également renvoyés chez eux à partir de l'Allemagne. Toutefois, à la différence de la Roumanie et de la Bulgarie - pays vers lesquels Paris renvoie des Roms -, le Kosovo ne fait pas partie de l'Union européenne, au sein de laquelle des règles spécifiques sur la libre circulation des citoyens sont prévues. Berlin a signé au printemps un accord avec Pristina qui prévoit le retour d'environ 12.000 ressortissants des communautés Roms, ashkali ou des Egyptiens du Kosovo en situation irrégulière.
L'Allemagne a accueilli de nombreux réfugiés de la guerre du Kosovo, dont beaucoup de Roms, puis les a encouragés activement à rentrer volontairement dans leur pays après la fin de la guerre en 1999. Si plus de 20.000 Kosovars ont été expulsés vers le Kosovo, plus de 90.000 sont rentrés volontairement. L'Allemagne, où les Roms sont généralement logés dans des appartements ou des foyers, ne connaît toutefois pas une situation comparable à celle de la France avec ses "camps" de Roms.