Nicolas Sarkozy va rendre visite à son "ami" Alassane Ouattara. Un mois après la chute de Laurent Gabgo, son successeur doit être solennellement investi samedi à Yamoussoukro en présence de 23 chefs d’Etat dont le président français.
Lors de ce voyage officiel de quelques heures seulement, le premier depuis 1997, Nicolas Sarkozy entend tourner la page de la Françafrique. Malgré le discours fondateur du Cap en 2008 proclamant la fin du rôle de "gendarme de l'Afrique" de la France, le renvoi sous pressions du ministre Jean-Marie Bockel, le recours persistant à la diplomatie parallèle et le soutien ambigu à quelques vieux "amis" du continent ont brouillé le message.
Cette fois, plus question de protéger un autocrate allié au détriment des droits de l'Homme, a promis récemment Nicolas Sarkozy. "Quand les peuples demandent leur liberté, la France sera à leurs côtés" a martelé le chef de l’Etat en référence au "printemps arabe".
Des premiers pas jugés "positifs"
Cette visite sera donc "l'occasion pour le président de saluer la restauration de la démocratie en Côte d’Ivoire", comme le soulignait l'Elysée dans un communiqué. "Ce sera aussi l'occasion d'exprimer son soutien à la politique de réconciliation et de reconstruction du président Ouattara", dont les premiers pas sont jugés à Paris "positifs sous tous points de vue".
Vainqueur de l'élection présidentielle organisée en novembre 2010 sous contrôle international, Alassane Ouattara a dû attendre le 11 avril pour accéder au pouvoir après être venu à bout de la résistance de Laurent Gbagbo, qui contestait sa défaite.
"L'ancienne puissance coloniale pose problème"
Les forces françaises Licorne sous mandat onusien, qui ont largement contribué à la victoire militaire d’Alassane Ouattara, ont été décriées en Afrique. Dans une récente interview à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagamé estimait ainsi que "le fait que, cinquante ans après les indépendances, le destin du peuple ivoirien, mais aussi son économie, sa monnaie, sa vie politique, soient encore contrôlés par l'ancienne puissance coloniale pose problème."
"Sarkozy à l'investiture de Ouattara, c'est un peu le PDG qui vient installer le directeur de sa filiale", a raillé un membre du clan Gbagbo.
Pas de quoi déranger Nicolas Sarkozy cependant. Paris compte bien assoir sa relation "spéciale, privilégiée" avec la Côte d’Ivoire. Premier partenaire commercial du pays, la France a annoncé un prêt de 400 millions d'euros, dont la moitié a déjà été débloquée, au nouveau pouvoir ivoirien pour l'aider notamment à payer les salaires de ses fonctionnaires.