Le pont aérien d’aide vers Mogadiscio a péniblement démarré mardi après-midi, après plusieurs reports, pour des raisons d’autorisations douanières. Ce pont aérien, organisé par le Programme Alimentaire Mondial, doit apporter une centaine de tonnes d’aide alimentaire aux Somaliens les plus en difficulté.
La Somalie, particulièrement touchée par la sécheresse, a été officiellement décrétée en état de famine par l’ONU. L’acheminement de l’aide y est particulièrement complexe, en raison notamment du contrôle de provinces du sud par les shebab islamistes, qui nient l’existence d’une famine et rejettent l’aide humanitaire. De plus, les pays donateurs s’inquiètent des risques de détournement de l’aide.
Les ONG critiquent un "écran de fumée"
Pendant ce temps, plus de 3.000 Somaliens fuient chaque jour le pays pour se rendre dans des camps de réfugiés déjà surpeuplés au Kenya et en Ethiopie. La sécheresse subie actuellement dans la Corne de l’Afrique est la pire depuis 60 ans. Elle a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace 12 millions de personnes en Somalie, mais aussi au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda.
Selon le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, 1,6 milliard de dollars sont nécessaires, rien que pour la Somalie. Pourtant, l’agence internationale n’a reçu, pour le moment, que la moitié de la somme. Et la communauté internationale n’a toujours pas chiffré le montant de son aide, malgré plusieurs réunions de donateurs, lundi à Rome et mercredi à Nairobi.
L’ONG Oxfam a d’ailleurs vivement critiqué la France, présidente du G20 et organisatrice de ces réunions. "L'activité diplomatique déployée par la France ces derniers jours n'est-elle qu'un écran de fumée pour cacher la faiblesse de ses engagements financiers ?" s’interroge Jean-Cyril Dagorn, d’Oxfam France, dans un communiqué.
L’Europe donne 158 millions d’euros
Le pays a néanmoins, selon le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, "doublé son aide à 10 millions". L’Europe a quant à elle annoncé mercredi qu’elle aiderait la Corne de l’Afrique à hauteur de 158 millions d’euros. Et la Banque mondiale s’est engagée à débloquer 500 millions de dollars.
"Il y a une mobilisation des donateurs", a assuré Bruno le Maire au micro d’Europe1. "C’est toujours trop long, c’est souvent plus difficile que ce que l’on croit, mais si la France n’était pas là pour rappeler la communauté internationale à ses devoirs, je crois qu’il ne se passerait pas autant de choses". Le ministre a également prévenu qu’il était nécessaire de s’impliquer dans la durée : "Cette crise ne se règlera pas en un jour ou en une semaine. Il faut que la communauté internationale reste financièrement mobilisée tout au long des mois à venir".