Une éclaircie semblait se dessiner dans le ciel syrien. Le régime a donné, en fin de semaine dernière, son accord de principe pour participer à la conférence internationale sur la paix prévue à Genève en juin. C’est le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, qui a annoncé la bonne nouvelle depuis l’Irak.
Il a estimé que cette conférence, initiée par Washington et Moscou qui souhaitent voir régime et opposition se rencontrer, "sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie". Mais l’accalmie n’aura pas duré longtemps et la solution ne sera pas celle voulue par l’Union européenne, à savoir le départ du pouvoir de Bachar Al-Assad.
Le soutien de la Russie."Le régime n'a pas encore dit qu'il (Assad) était prêt à partir", a ainsi tempérer, dans la foulée, le porte-parole de la Coalition de l'opposition, Louay Safi. Une observation de taille, qui donne le ton de la conférence du mois de juin. "On ne peut pas attendre grand-chose de cette rencontre", estime Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient, interrogé par Europe1.fr. "Assad n’est pas prêt à partir et les Russes - qui soutiennent le régime syrien - ne feront jamais pression pour qu’il s’en aille", précise-t-il, ajoutant que "les négociations faites lors de la conférence seront à l’avantage du président" en place.
L’UE poids plume. Pour Fabrice Balanche, directeur du groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, "au mieux, le président syrien pourrait consentir à envisager une transition politique" lors de la prochaine élection présidentielle qui doit se tenir d’ici à 2014. "L’Union européenne, elle, sera quasi inexistante", dans la tentative de processus de paix, prévient-il
La carte de Fabrice Balanche sur l'insurrection et la contre-insurrection en Syrie :
Les alaouites, fidèles au régime. Autre soutien de taille, dont bénéficie le président : les alaouites. Ce groupe ethnique représente 10% de la population et constitue la branche du chiisme à laquelle appartient Bachar al-Assad et son clan. Si les rebelles s’emparent du pouvoir, les alaouites - qui occupent pour une grande partie des postes dans l’administration - savent qu’ils seront chassés ou liquidés. "Ils n’ont donc aucun intérêt à lui faire faux bond", estime le chercheur Fabrice Balanche, qui a longtemps vécu en Syrie.
Une présence forte sur le terrain. Outre les soutiens diplomatiques et politiques, le régime d’Assad assure une présence solide sur le terrain face à une rébellion désordonnée et divisée. Assad a créé l’automne dernier une armée populaire, composée essentiellement de civils qui défendent bec et ongle leur ville, quartier ou même lopin de terre. Des combattants qui s’ajoutent aux 300.000 soldats de l’armée syrienne et aux dizaines de milliers de paramilitaires. "En face, la rébellion compte 200.000 hommes et se compose, à la fois de djihadistes rompus au combat, mais aussi de civils qui ont pris les armes", sans forcément savoir s’en servir, précise le spécialiste.
Armer les rebelles ? La question divise. Les 27 ont entamé lundi des discussions pour tenter de trouver un consensus sur la fourniture d’armes aux rebelles syriens. Mais les ministres des Affaires étrangères sont très divisés sur la question. Et même si l’embargo est levé, il faudra ensuite savoir "quels types d’armes seront fournis aux rebelles. S’il s’agit d’armes sophistiquées, alors il faudra penser à former les combattants de la rébellion et s’assurer qu’elles ne tombent pas aux mains de groupes extrémistes", prévient Fabrice Balanche. C’est l’une des craintes avancées par les diplomates européens opposés à la levée de l’embargo. Pour surmonter ces divisions, le service diplomatique de l'UE travaille sur des mesures de compromis, allant d'une reconduction de l'embargo conditionnée aux résultats de Genève 2 à une levée partielle assortie de garanties pour que les armes ne tombent pas aux mains des jihadistes.