Syrie : des armes chimiques utilisées

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VIDEO - Deux journalistes du Monde racontent des blessures causées par du gaz.

"Les yeux brûlent, les pupilles se rétractent à l'extrême". C’est en ces termes, saisissants, que des reporters du Monde décrivent des scènes d’attaques au gaz dans le quartier de Jobar, juste à la sortie de Damas, en Syrie. Dans un article publié lundi matin sur le site du quotidien du soir, ces envoyés spéciaux, qui ont passé deux mois dans le pays, racontent les attaques dont ils ont été témoins.

>> Les photos prises par le photographe du Monde en Syrie, ici.

"Le tout premier symptôme, ce sont les yeux qui piquent, des gens qui se mettent à tousser. Ca s'aggrave très très vite, conduisant à un phénomène de suffocation, avec des gens qui, au bout de 10-15 minutes ne peuvent absolument plus respirer, du sang coulent des lèvres, des vomissements, des évanouissements. Des gens tournent de l'œil littéralement et finissent par terre, ce sont des grands gaillards dont ce n'est pas négligeable...", raconte Jean-Philippe Rémy grand reporter au Monde, au micro d'Europe 1, lundi matin.

"Une chose que je dois mentionner, c'est que le simple fait d'être à côté de quelqu'un qui a été exposé commence à vous faire ressentir les mêmes symptômes. Donc c'est un produit extrêmement fort", ajoute le reporter.

Le reportage vidéo dans le quartier de Jobar, réalisé par les journalistes du Monde:

"Bien plus toxiques" que du gaz lacrymogène

"Dans les environs de la capitale syrienne, nous avons réuni des éléments comparables dans une couronne beaucoup plus large. La gravité des cas, leur multiplication, la tactique d'emploi de telles armes montrent qu'il ne s'agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d'une autre classe, bien plus toxiques", avancent les journalistes.

Les journalistes évoquent une diffusion localisée de gaz, "un usage occasionnel par les forces gouvernementales, visant les points de contact les plus durs avec un ennemi rebelle tout proche". Les reporters, qui se sont rendus dans huit centres médicaux, n'ont trouvé que deux établissements dont les responsables ont dit ne pas avoir reçu de combattants ou de civils touchés par des attaques au gaz.

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Les conclusions de l’ONU en juin

La question de l’utilisation de gaz toxique par le régime et les rebelles a déjà été soulevée plusieurs fois ces derniers mois. Début mai, des médecins franco-syriens avaient confié avoir la preuve de l'utilisation de gaz toxique, faisant de nombreuses victimes parmi les civils.

Dans le même temps, une commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie avait conclu que des armes chimiques avaient bien été utilisées par les rebelles, avant de se rétracter.

Carla del Ponte, membre de cette commission et connue pour son travail en tant qu'ancien procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), avait expliqué que les recherches de la Commission d'enquête de l'ONU, qui doit présenter ses observations aux prochaines sessions du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en juin, étaient loin d'être terminées. Elle avait précisé que les enquêtes en cours pourraient aussi établir si le gouvernement de Bachar al-Assad a aussi utilisé ou non ce genre d'armes chimiques.