Sur les 150 habitants de ce village pauvre et rural, seuls quatre auraient survécu. L'opposition syrienne accuse le régime de Bachar al-Assad de s'être livré à un nouveau massacre à Al-Koubeir, dans la région de Hama. Des faits "épouvantables" pour le chirurgien Jacques Bérès, qui a récemment exercé à Homs. Il s'agit "probablement d'une opération des chabbiha, les milices gouvernementales", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1.
Les autorités syriennes, elles, nient tout massacre et évoquent un simple accrochage entre les forces de sécurité et des "terroristes" qui auraient tué neuf femmes et des enfants. "Le fait que les observateurs étrangers aient été interdits d'accès contredit à lui seul la thèse du gouvernement", fustige Jacques Bérès, également co-fondateur de Médecins sans Frontières et Médecins du Monde.
"Les gens ont été exécutés"
Les rares témoignages en provenance d'Al-Koubeir, qui ne peuvent pas être vérifiés en raison des restrictions imposées aux journalistes en Syrie, disent en effet tout autre chose. "Ce que j'ai vu est inimaginable", raconte ainsi à l'Agence France-Presse Laith, qui vit à proximité du village. "Les gens ont été exécutés et [leurs corps] brûlés".
Laith dit avoir vu "des corps d'enfants, de femmes et de jeunes filles", gisant "à même le sol". Quant aux corps des jeunes hommes, ils ont été "emportés", selon lui. "Il y a sûrement eu des assassinats", estime Jacques Bérès, pour qui "il ne peut pas y avoir autant d'enfants blessés par hasard".
Des tanks et des miliciens
D'après Laith, les tanks sont arrivés à Al-Koubeir vers 14 heures mercredi, et ont bombardé le village jusqu'à 20 heures. Ensuite, les chabbiha sont entrés dans le village, munis "d'armes à feu et de couteaux". "Des gens de ce village que je connais m'ont dit que la nuit dernière, les miliciens des chabbiha ont bu et dansé autour des corps, scandant des slogans en hommage à Bachar al-Assad", raconte le jeune homme.
"Chaos terminal"
Dans l'enclave sunnite d'Al-Koubeir, pas une manifestation n'a été organisée depuis le début du soulèvement. Quant aux milices pro-régime, elles provenaient des régions alaouites proches.
De quoi faire craindre une transformation du conflit en affrontement ethnique, auquel "on arrive probablement", analyse Jacques Bérès, qui résume : "C'est une provocation en vue d'emporter tout le monde vers un chaos terminal, une guerre civile".