L’INFO. Tout porte à croire qu’une intervention militaire se prépare en Syrie. Alors que les experts de l’ONU ont à peine entamé leur enquête, Washington, Paris et Londres n’ont plus aucun doute sur la responsabilité du régime de Bachar al-Assad dans l’attaque chimique présumée du 21 août dernier. Une palette d’options militaires seraient déjà prêtes et sur la table des dirigeants occidentaux. Ne reste plus que le feu vert politique. Avec qui et comment ? Explications.
• Une coalition de volontaires avec les Etats-Unis en tête. Avec le blocage répété de Moscou et de Pékin, le front anti-Assad a décidé de passer outre l’ONU. Désormais, on parle d’une "coalition de volontaires " qui rassemblerait, la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis qui tiendraient un rôle de leadership. Des contacts sont également en cours avec des pays arabes de la région : la Turquie, le Qatar ou les Emirats Arabes Unis. L’Allemagne a indiqué qu'elle approuverait une éventuelle "action" de la communauté internationale si l'usage d'armes chimiques était confirmé. Les Italiens sont aussi dans la boucle. Enfin, une délégation de hauts responsables israéliens a été reçue lundi à la Maison-Blanche pour discuter notamment de la guerre en Syrie, a fait savoir le Conseil américain de la sécurité nationale.
• Des chefs d’état major réunis en Jordanie. Signe que les choses se concrétisent, le chef d'Etat major français des armées, l'amiral Guillaud est à Amman en Jordanie pour une conférence de trois jours "sur la sécurité nationale" aux côtés de son homologue américain le général Dempsey, rapporte Le Figaro. En visite au Qatar, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian va prolonger son voyage et se rendre aux Emirats arabes unis.
• Une présence militaire renforcée. Le Pentagone américain a présenté à Barack Obama des options militaires pendant la réunion du Conseil de sécurité nationale. L'US Navy va déployer un quatrième destroyer, armé de missiles de croisière, en mer Méditerranée.
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• Quel type d’intervention ? Officiellement, Barack Obama n'a pas encore pris de décision sur la forme que prendrait la réaction de son pays, a affirmé Jay Carney, le porte-parole du président. Mais une réaction est "dans l'intérêt des Etats-Unis et de la communauté internationale", a-t-il assuré, tout en refusant de préciser un calendrier. Ni lui ni le secrétaire d'Etat n'ont formellement évoqué de frappes militaires. Les préparatifs s'accélèrent également sur l'aéroport militaire britannique d'Akrotiri à Chypre situé à 160 kilomètres de la Syrie, rapporte The Guardian.Deux pilotes auraient ainsi observé des avions de transport ainsi que des avions de chasse.
Mais les chefs militaires affinent actuellement le scénario d'une riposte que les Etats-Unis veulent rapide et de courte durée. A priori, des frappes ciblées contre des sites stratégiques seraient privilégiées, au moyen de missiles tirés depuis la mer, explique Le Figaro. L'objectif serait notamment d'affaiblir l'aviation syrienne. On parle de frappes contre les aéroports qui permettraient aux Iraniens de ravitailler leurs alliés syriens. Elle ne durerait probablement pas plus de deux jours et permettrait aux Etats-Unis d'éviter une implication plus grande dans la guerre civile qui déchire la Syrie depuis mars 2011, avançait de son côté, le Washington Post, citant des responsables non identifiés de l'administration américaine. Le New York Times estimait lui aussi que Barack Obama, qui réfléchissait encore à l'option militaire, donnerait probablement l'ordre d'une opération limitée. Elle ne viserait donc pas à renverser le président, précise le quotidien.
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• Les républicains vendent la mèche. Aux Etats-Unis, l’intervention militaire ne fait guère de doutes. Le bureau du président républicain de la Chambre John Boehner révélait avoir été consulté par la Maison-Blanche lundi sur le dossier syrien. Tout comme le sénateur républicain Bob Corker, qui siège à la commission des Affaires étrangères : "je pense qu'une réaction est imminente, j'ai parlé hier (dimanche) soir avec la Situation Room", la salle de gestion des crises de la Maison-Blanche. "Je pense qu'évidemment nous sommes en train d'œuvrer à rassembler nos alliés de l'Otan, nos moyens (militaires) sont en place", a ajouté l'élu sur la chaîne MSNBC, en se disant persuadé que "l'on va assister à une frappe chirurgicale et proportionnée contre le régime Assad en réaction à ce qu'ils ont fait, et je soutiens cela".