Le président turc est-il atteint de la folie des grandeurs ? Recep Tayyip Erdogan a inauguré son nouveau palais présidentiel à Ankara, mercredi. Un "palais blanc" qui n'a pas fini de faire parler de lui, pour sa taille (200.000 mètres carrés, son coût (277 millions d'euros) et sa portée symbolique. Construit au milieu d'un site protégé dans la banlieue de la capitale turque, le nouveau palais passe mal.
Recep Tayyip Erdogan a évité la polémique ultime en annulant la réception prévue à la fin de la journée, mercredi. Mais rien à voir avec la controverse suscitée par tant de fastes. L’annulation fait suite à un accident minier survenu mardi dans le sud du pays.
Un site protégé. Le Premier ministre passé président lors de la dernière élection va donc prendre ses quartiers dans le palais construit sur un "site protégé". Avant même son inauguration, les travaux avaient agacé les écologistes qui s’étaient offusqués du "mépris" dans lequel s’était achevée la construction, malgré une décision de justice exigeant l’arrêt de ce chantier installé sur une zone forestière.
Le terrain du nouveau palais avait été acquis par le fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk. Erdogan, qui se démarque de la doctrine kémaliste, a refusé de s’installer dans le siège historique des présidents turcs depuis la création de l’Etat turc moderne.
Un symbole turc historique. Recep Tayyip Erdogan en appelle plutôt à la dynastie seljoukide, la première règnant sur l’Asie mineure à partir du XIe siècle. Exit l’occidentalisme de ses prédecesseurs. Avec son palais, le nouveau président islamiste veut "souligner le fait qu’Ankara est une capitale seljoukide. Nous y portons une grande attention", avait-il déclaré à des journalistes au moment du sommet de l’Otan à Newport (Grande-Bretagne). "La thématique ottomane est reflétée dans la décoration intérieure, avec des éléments de modernité", décrivait-il alors.
Le prix de "trois satellites vers Mars". 4.000 mètres carrés de tapis, des bunkers, un tunnel présidentiel, 1.000 bureaux et des chambres insonorisés. "Qu’aurions-nous pu faire avec cet argent ?", s’indigne un député du parti d’opposition. "Par exemple envoyer trois satellites vers la planète Mars", a imagé Umut Oran. Les projets immobiliers d'Erdogan, poussant vers une urbanisation intensive, font régulièrement grincer des dents en Turquie. En 2013, une manifestation avait dégénéré en émeutes de plusieurs semaines à Istanbul.
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